"Complément d'enquête" sur Depardieu: les auteurs attaquent à leur tour l'acteur et Yann Moix

Les auteurs du "Complément d'enquête" sur Gérard Depardieu, qui a provoqué un scandale en raison de ses propos sexuels dans un haras en Corée du Nord, attaquent l'acteur et l'écrivain Yann Moix pour dénonciation calomnieuse, fausse attestation et tentative d'escroquerie au jugement.

Les auteurs du "Complément d'enquête" sur Gérard Depardieu, qui a provoqué un scandale en raison de ses propos sexuels dans un haras en Corée du Nord, attaquent à leur tour en justice l'acteur et l'écrivain Yann Moix, ont-ils annoncé ce jeudi 20 mars à l'AFP.

"Des citations directes ont été déposées contre Gérard Depardieu et Yann Moix", ont déclaré à l'AFP Emmanuel Tordjman et Joséphine Sennelier, avocats des auteurs du reportage.

Ces citations sont intentées pour dénonciation calomnieuse, fausse attestation et tentative d'escroquerie au jugement. "Cette initiative est ridicule", a rétorqué Jérémie Assous, avocat de Gérard Depardieu et Yann Moix, selon qui les actions de ses clients ont été "considérées comme légitimes" lors des précédentes étapes judiciaires.

La citation directe permet à la victime d'une infraction ou au procureur de la République de saisir directement un tribunal pénal. Il n'y a pas d'investigations menées par des magistrats, charge aux plaignants de collecter les éléments de preuve et de désigner les suspects.

Plusieurs procédures

C'est un nouvel épisode dans ce dossier touffu, où plusieurs procédures s'imbriquent. Dans l'une d'elles, Gérard Depardieu et Yann Moix reprochent à la société de production du reportage, Hikari, et à France Télévisions, diffuseur de "Complément d'enquête", un "montage illicite" et des faits d'"abus de confiance".

En face, la procédure entamée jeudi l'est au nom du président de Hikari, Anthony Dufour, et des auteurs du sujet "Gérard Depardieu: la chute de l'ogre" diffusé en décembre 2023: le réalisateur Damien Fleurette, le monteur Emmanuel Baert et le caméraman Daniele Vella. Le tribunal correctionnel de Paris se penchera sur ces procédures le 6 mai.

Au coeur de la controverse, une séquence filmée en 2018 dans un haras en Corée du Nord. Gérard Depardieu et Yann Moix s'y trouvaient à l'initiative de l'écrivain, lequel en a tiré l'idée d'un film sur les 70 ans du pays, que Hikari envisageait de produire.

Dans la séquence diffusée par "Complément d'enquête", Gérard Depardieu prononce des propos sexuels lorsqu'une petite fille à cheval passe à l'image. "Si jamais il galope, elle jouit", lance-t-il notamment. Sa défense assure que ces propos ne visaient pas l'enfant et souligne qu'ils n'ont en fait pas été prononcés au moment où elle est à l'image. D'où l'accusation de "montage illicite". Les auteurs du reportage, eux, estiment que ce montage ne travestit pas la réalité.

Un procès lundi pour Depardieu

Outre les images diffusées dans "Complément d'enquête", ils s'appuient sur d'autres enregistrements de la séquence, consultés par l'AFP. Selon eux, la synchronisation des différentes images et pistes sonores apporte "la démonstration" que les propos de M. Depardieu visaient bien la petite fille.

A l'inverse, Me Assous fait valoir que les auteurs "reconnaissent être incapables d'établir par l'image" que Gérard Depardieu "parle de l'enfant". Plus largement, la défense de Gérard Depardieu et de Yann Moix assure que les images tournées en Corée du Nord l'étaient pour une oeuvre de fiction dans laquelle l'acteur devait jouer son propre rôle, ce que conteste la partie adverse.

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La communication des rushs (images brutes, sans montage) de la séquence du haras fait l'objet d'un bras de fer entre les deux parties, Hikari y voyant une atteinte au secret des sources des journalistes. La justice a toutefois rejeté cet argument par deux fois et, en octobre, la cour d'appel de Paris a ordonné une expertise des images. L'expert doit rendre son rapport avant le 30 avril.

Gérard Depardieu, 76 ans, doit par ailleurs être jugé à partir de lundi par le tribunal correctionnel de Paris pour agressions sexuelles sur deux femmes lors du tournage du film de Jean Becker "Les Volets verts" en 2021. Le parquet de Paris a aussi requis qu'il soit jugé pour des soupçons de viols sur la comédienne Charlotte Arnould en 2018. Le comédien conteste ces accusations.

S.C avec AFP