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Police-Justice

Comment les centres de vaccination tentent de se protéger face à la menace d'actes violents

Des patients attendent au centre de vaccination de Saint-Maur-des-Fossés, le 31 mai 2021.

Des patients attendent au centre de vaccination de Saint-Maur-des-Fossés, le 31 mai 2021. - BERTRAND GUAY / AFP

Plusieurs centres de vaccination ont été vandalisés ces derniers jours. Les municipalités, en première ligne, sont contraintes de renforcer la sécurité, notamment avec de la vidéosurveillance. Un coût important pour les petites communes.

Dans les Landes, la commune de Saint-Paul-lès-Dax a eu la désagréable surprise lundi de découvrir des croix gammées sur les murs de son centre de vaccination. Lans-en-Vercors, en Isère, a vécu le même scénario le week-end dernier, obligeant la mairie à transférer le centre dans une commune voisine. Le chapiteau de vaccination d’Urrugne, dans les Pyrénées-Atlantiques, a quant à lui été la cible d'un incendie volontaire.

Les autorités assurent prendre la menace au sérieux. En première ligne, les mairies s’organisent, parfois avec leurs propres moyens.

Risque de radicalisation

La tension est montée d’un cran après l’allocution d’Emmanuel Macron, annonçant l’extension de l’application du pass sanitaire. Alors que des dizaines de milliers de Français sont descendus dans la rue pour dénoncer la politique vaccinale, certains ont opté, avec ces actes de vandalisme, pour la manière forte.

"À l'instar de ce qui s'est produit pour les gilets jaunes, plus le conflit durera, plus le risque est grand que les plus déterminés, puis les plus radicaux, parviennent à en prendre le contrôle", affirme une note du renseignement territoriale dévoilée lundi par BFMTV.

Cette radicalisation s’illustre par la dégradation de centres de vaccination au quatre coins de la France. Le maire socialiste d’Audincourt (Doubs) Martial Bourquin, en a fait l’amère expérience. Le centre de vaccination de sa commune a été privé d’électricité pendant un heure et demi dimanche.

"Ils ont piraté les installations électriques pour s’en prendre au disjoncteur et au groupe électrogène, qui n’a donc pas pu prendre le relai", explique-t-il à BFMTV.com.

Des dizaines de milliers d’euros pour la sécurité

Depuis, l’édile a dû prendre en charge des travaux pour déplacer l’installation électrique à l’intérieur du bâtiment. La police municipale procède désormais à des patrouilles la nuit, tandis qu’une société privée, avec un maître-chien, s’occupe de la sécurité la journée. La mairie a également investi dans la vidéosurveillance afin de supprimer tous les angles morts. "Ces mesures de sécurité se chiffrent en dizaine de milliers d’euros”, souligne Martial Bourquin. Ce coût n’avait pas été anticipé par la municipalité, mais cette dernière a reçu le soutien ferme de l’État: "Je me suis senti appuyé comme rarement, l’État était vraiment derrière moi", assure le maire.

À 400 kilomètres au sud, à Lans-en-Vercors, en Isère, la salle des fêtes, qui accueille le centre de vaccination, a été saccagée vendredi dernier. Des individus ont pénétré sur place et inondé les lieux avec des lances à eau. Des tags anti-vaccins, ou en référence au régime nazi, ont également été découverts. Impossible de maintenir le centre dans la salle, qui a été déplacé sur la commune de Saint-Nizier-du-Moucherotte. Contacté par nos soins, le maire refuse de donner le détail des nouvelles mesures de sécurité prises pour son centre, mais il confirme qu’elles ont bien été renforcées "avec l’appui de la gendarmerie, qui ne reste pas les bras ballants". "L’État nous aide beaucoup, ils sont à nos côtés", affirme également Franck Gérard.

"Des consignes de vigilance"

Réactif, l’État est au chevet de ces communes, dont le budget est déjà étranglé par un an et demi de crise sanitaire. Mais n’aurait-il pas fallu davantage anticiper la menace, par exemple en dotant chaque centre de vaccination d’un fonctionnaire de police? Deux sources policières indiquent à BFMTV.com qu’aucune note en ce sens n’a été envoyée.

Du côté de la place Beauvau, on nous précise que "des consignes de vigilance ont été passées aux préfets par le cabinet du ministre de l’Intérieur."

Dans les grandes villes, le risque qui pèse sur les centres de vaccination est plus facilement maîtrisable. La préfecture de Paris nous indique qu’un "renforcement des rondes et patrouilles autour des 31 centres de vaccination" a été décidé après la dégradation des autres centres.

À Bordeaux, la sécurité du vaccinodrome avait été anticipée, privatisée par le Centre des congrès qui accueille le centre de vaccination. À la clé, une surveillance permanente gérée par une société privée, avec de la vidéosurveillance 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, un contrôle d’accès par des agents de sécurité la journée et des rondes nocturnes assurées aux abords et à l’intérieur du site. Mais dans les petites communes, comme c'est le cas pour les 11 centres de vaccination vandalisés, la municipalité n'est pas en mesure d’appliquer un tel dispositif avec ses fonds propres.

Esther Paolini Journaliste BFMTV