Chevaline: haine familiale ou espionnage industriel?

Le mystère de la tuerie de Chevaline reste entier, même si les enquêteurs explorent plusieurs pistes sérieuses, dont la piste iraquienne et la piste familiale. - -
Il y a un an, étaient retrouvés les quatre membres d'une famille britannique, assassinés dans leur voiture, sur une petite route de Savoie. Les seuls témoins de cette tuerie sont les deux fillettes rescapées.
L'enquête est "extraordinairement complexe", rappelle Eric Maillaud, s'exprimant sur BFMTV. Le procureur d'Annecy a tenu vendredi une conférence pour faire un point sur les différentes pistes, mais aussi rappeler que "l'enquête avançait, qu'elle ne piétinait pas, contrairement à ce que l'on peut dire".
Parmi les nombreuses pistes, les enquêteurs travaillent sur un conflit familiale, une piste irakienne et l'hypothèse de l'espionnage industriel.
> Conflit violent avec le frère
Evoquant la lourdeur de l'enquête, qui mobilise "une petite centaine d'enquêteurs entre la France et l'Angleterre, avec des demandes d'entraide judiciaire formées dans plus d'une vingtaine de pays", le procureur fait état du conflit extrêmement violent, en tout cas par les mots, entre les frères al-Hilli, sur fond d'héritage de leur père.
"On sait que Zaïd, qui aujourd'hui est considéré comme suspect, mais surtout pas comme coupable présumé, qu'il avait menacé son frère, on sait qu'il avait tenté de dérober une partie de l'héritage du père, et on sait que Saad al-Hilli, le défunt de la famille al-Hilli, souhaitait à tout prix récupérer cette fortune", indique Eric Maillaud.
"Saad al-Hilli, depuis toujours, enregistrait la totalité de ses conversations et mettait sa vie entière sur support informatique", explique Eric Maillaud. "On a ainsi pu démontrer, avec d'autres éléments de l'enquête, notamment, que Zaid al-Hilli, avait tenté d'appréhender par l'intermédiaire d'une fausse carte bancaire, les fonds qui se trouvaient sur le compte bancaire du père en Suisse. Il avait également établi un testament, au terme duquel, il était le seul bénéficiaire de l'héritage du père. Saad s'en était aperçu et Zaid avait sû changer ce testament. Une véritable haine était née entre les deux frères", poursuit le procureur.
"Il y a peut-être une question d'argent, il y a peut-être une question d'honneur, une question de haine entre deux frères", indique Eric Maillaud.
> La piste irakienne
Les enquêteurs s'intéressent aussi aux membres de la famille qui vivent en Irak, qui ont pu détourner une partie du patrimoine du père. Ce pan de l'enquête est d'autant plus difficile à explorer que les enquêteurs et magistrats français ne peuvent se rendre sur place. Même les enquêteurs et magistrat irakiens ont du mal à y investiguer.
"Mais c'est une nécessité pour le dossier que de pouvoir aller en Irak, que de pouvoir entendre les membres de la famille, que de pouvoir avoir une idée précise de qu'est devenue la fortune iraquienne du père", poursuit le procureur.
> Et l'espionnage industriel?
La profession du père de famille, ingénieur qui travaillait pour une entreprise britannique spécialisée dans les satellites civils, représente également une piste. "On est loin d'avoir clos le pan de l'enquête sur un éventuel espionnage industriel, avec intervention de services secrets étrangers", a indiqué Eric Maillaud à l'antenne de BFMTV.
En cause: l'information dont disposait l'ingénieur. "Saad al-Hilli avait en sa possession beaucoup plus de données que son seul emploi ne justifiait." De la matière intéressante qui aurait pu se monnayer. "Mais pour l'instant, on nous dit que tout ça n'avait pas de véritable valeur marchande", a nuancé le magistrat.