"Chemise arrachée" du DRH d'Air France: le procès des 15 salariés s'est ouvert à Bobigny

"On s'arrête, on n'est pas au spectacle." L'avertissement du président du tribunal correctionnel de Bobigny, devant lequel se tient le procès de salariés et syndicalistes jugés pour des violences à l'encontre de deux dirigeants d'Air France, résume l'ambiance de ce début d'audience. Dans une salle archi-comble, 15 prévenus comparaissent pour "violences", pour les uns, "dégradations" pour les autres. Cinq d'entre eux encourent jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende.
A l'ouverture du procès, l'une des avocats de la défense a bien réclamé le renvoi de l'audience pour que le dossier soit examiné en même temps qu'une autre affaire, qu'elle estime indissociable. Une requête rejetée par le tribunal qui s'est ensuite consacré au visionnage des images montrant les violences qui ont précédé la scène où les manifestants ont déchiré la chemise du directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, et de celui de l'activité long courrier, Pierre Plissonnier.
Passe d'armes entre avocats
Ce 5 octobre 2015, alors que devait se tenir un comité d'entreprise, des manifestants ont forcé une grille que la direction avait choisi de laisser fermée. Un débat s'est alors ouvert sur le lieu de rassemblement qui avait été décidé par les syndicats. A la lecture des tracts, le président cherche à savoir si les salariés s'étaient donnés rendez-vous sur le parvis du siège d'Air France ou sur la voie publique. Une question difficile à trancher.
Le visionnage des vidéos va également être l'objet d'une passe d'armes entre l'avocat de la direction de l'entreprise et celle de 12 prévenus. Pour le premier, un panneau indiquant "Plan vigipirate, cette porte doit rester fermée", justifiant alors selon lui que la grille eut été baissée ce 5 octobre. "Ce panneau a été posé après les attentats du 13 novembre", balaie l'avocate de la défense. Déclenchant de vifs applaudissements dans la salle.
Vifs applaudissements
"Personne ne sera jamais d'accord sur ce qu'on voit", balaie le président préférant passer à l'interrogatoire des prévenus. L'un explique avoir arraché la grille par mesure de sécurité pour éviter un mouvement de foule. "On a tiré sur la grille, ça s'est fait instinctivement, c'était pas réfléchi", commente un autre. "Je suis pas arrivé dans le but de casser quoi que ce soit", insiste encore un autre.
Au delà des soutiens de la salle, les 15 prévenus ont pu compter sur la mobilisation de nombreux autres syndicalistes qui se sont réunis devant le tribunal de Bobigny. A Marseille, ce sont environ 200 personnes, qui a l'appel de la CGT, ont investi un hall de l'aéroport de Marseille-Provence.