"Cédric Jubillar peut craquer": une reconstitution organisée ce mardi au domicile du couple

Un an et demi après son incarcération, Cédric Jubillar va être conduit à son domicile de Cagnac-lès-Mines (Tarn). À sa demande, une reconstitution est organisée ce mardi soir dans le cadre de l'instruction menée sur la disparition de Delphine, son épouse, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Un acte de procédure dans cette affaire mystérieuse attendu par toutes les parties.
Mardi soir, les juges d'instruction, Cédric Jubillar, ses avocats, les parties civiles vont revenir au domicile du couple Jubillar. Un dispositif strict de sécurité va être mis en place et les personnes présentes sur place ont reçu l'ordre de laisser leur téléphone dans la zone de sécurité: aucune image aucune vidéo ne doit fuiter de la reconstitution.
L'idée pour les juges est de poser des questions à Cédric Jubillar et de mettre en mouvement les déclarations du mis en cause, de les confronter aux éléments factuels et matériels au dossier, mais aussi de revenir sur la version des magistrats instructeurs alors que Cédric Jubillar a toujours nié être à l'origine de sa disparition de sa femme.
"Notre objectif premier dans cette demande de reconstitution est de savoir ce que l’accusation nous reproche matériellement", indique Me Emmanuelle Franck, l'un des avocats de Cédric Jubillar, qui ont demandé cette reconstitution.
Toujours la même version
Depuis le début de l'enquête, Cédric Jubillar n'a pas varié, livrant à chaque fois la même version. Selon ses dires, il est allé promener ses chiens, puis s'est endormi vers 22h30 après avoir mis son téléphone en mode avion. Sa femme Delphine, avec qui il fait chambre à part, et son fils regardait la télévision.
Il dit avoir été réveillé vers 3h30 du matin par les pleurs de sa petite fille et s'être rendu compte de l'absence de sa femme. Cette nuit-là, Cédric Jubillar affirme avoir fait le tour de la maison, être allé dans le jardin. Il a alors contacté les amies de sa femme et les gendarmes.
Ce sont les juges d'instruction en charge de ce dossier qui vont orchestrer cette reconstitution. Elle devrait débuter avant 22h30, pour respecter les conditions de la nuit où Delphine Jubillar a disparu. Il est possible que des voisines du couple qui disent avoir entendu des cris en provenance du pavillon vers 23 heures soient présentes.
Il semble toutefois peu probable que les magistrates attendent jusqu'à 3h30 pour poursuivre la reconstitution, heure à laquelle le mis en cause dit s'être levé.
"Savoir ce qui lui est reproché"
Pour la défense, cette reconstitution doit les éclairer sur les éléments dont disposerait les juges à l'encontre de leur client, qui a multiplié les demandes de mise en liberté et contesté sa mise en examen.
"Nous attendons de connaître concrètement quels sont les actes que Cédric Jubillar aurait réalisés puisqu’au bout de deux ans d’information judiciaire nous sommes bien en peine de savoir précisément ce qui lui est reproché", estime Me Franck.
"Est-ce que les faits se seraient déroulés dans la maison? À l’extérieur comme le disent certaines voisines? Dans la chambre? Dans le salon? Avec quel véhicule l’aurait-il transporté? Ce sont autant d’éléments que nous attendons de savoir", poursuit l'avocate.
"Qu'il nous donne des explications"
Selon l'accusation, le téléphone de Delphine Jubillar n'a jamais quitté le pavillon la nuit de sa disparition, laissant penser que la jeune infirmière n'est pas sortie volontairement de son domicile. Ce téléphone a d'ailleurs été activé une dernière fois à 6h52, avant de s'éteindre définitivement. À cette heure-ci, les gendarmes étaient présents au domicile des Jubillar, mais se trouvaient à l'extérieur de la maison tandis que ce dernier se trouvait seul à l'intérieur.
Les juges attendent également des réponses sur un autre élément: la paire de lunettes de la mère de famille qui a été retrouvée cassée.
"C'est l'enjeu crucial de cette reconstitution", estime Me Mourad Battikh, l'avocat de l'oncle et la tante de Delphine Jubillar. "Il va falloir qu’il nous donne des explications et sur la manière dont elles ont été brisées."
Pour cet avocat, l'accusation "a suffisamment d’élément pour comprendre que Cédric Jubillar ne dit pas tout et qu’il est beaucoup plus impliqué qu’il ne le dit". Les parties civiles espèrent d'ailleurs que cette reconstitution va permettre qu'il change sa version et apporte des réponses à la famille de l'infirmière.
"Peut-être va-t-il décider de sortir de ses mensonges, de sortir de sa morgue, de ses provocations et tenir enfin un langage de vérité", tranche Me Philippe Pressecq auprès de France Bleu Occitanie. L'avocat de la cousine de Delphine Jubillar "pense qu'il peut craquer".