Ce que l'on sait du rodéo urbain à Bordeaux qui a fait 13 blessés

13 personnes ont été blessées samedi soir après qu'un homme a perdu le contrôle de son véhicule lors d'un rodéo urbain interdit. Le conducteur a été placé en détention provisoire dans l'attente de son jugement.

Il a mis sa vie en danger, celle de ses trois passagers également et a fait 13 blessés. Des mots de la procureure de la République de Bordeaux, c'est un "véritable miracle" qu'il n'y ait pas eu de mort après l'accident de la route survenu samedi soir lors d'un rodéo urbain rue du professeur Darget à Bordeaux.

Le conducteur du véhicule en cause sera jugé au mois de juin prochain pour "blessures involontaires" et participation à un rodéo urbain.

· Que s'est-il passé samedi soir?

De nombreuses personnes étaient réunies ce samedi soir rue du professeur Darget, dans la zone commerciale Bordeaux-Lac, pour participer et assister à un "run", un rodéo urbain motorisé où les participants se prennent pour des pilotes. Alors que l'événement - interdit par les autorités - touchait à sa fin, un homme au volant d'une Citröen C3 a décidé d'emprunter le parcours.

Le conducteur était d'abord venu assister à ce rodéo urbain en tant que spectateur avec trois autres personnes. Au moment de repartir, il a décidé de faire des tours du circuit improvisé, malgré les réticences de ses trois passagers. Le trentenaire a réalisé deux tours avant, contre l'avis de ses amis, de refaire un troisième tour. Sans compétence particulière en conduite et avec des conditions de circulation dangereuses, en raison d'une chaussée mouillée, le conducteur a perdu le contrôle de son véhicule.

La voiture a alors percuté un groupe de spectateurs du rodéo urbain encore présents. Le conducteur, en état de sidération, a alors pris la fuite. Il a d'abord réussi à esquiver les automobilistes qui tentaient de le bloquer avant que ces derniers, l'ayant poursuivi, y parviennent à quelques kilomètres de l'accident, à Bassens.

· Quel est l'état de santé des victimes?

Au total, 13 personnes ont été blessées, dont un mineur de 17 ans. "Véritable miracle" pour la procureure de Bordeaux, aucun n'a été blessé sérieusement et dimanche, les victimes avaient toutes pu regagner leur domicile.

Un médecin légiste doit désormais évaluer leur traumatisme physique, qui sera défini en terme d'ITT (Incapacité totale de travail). Le retentissement psychologique des victimes va, lui aussi, être pris en compte.

· Quelles suites judiciaires pour cet accident?

Au moment de l'interception de la voiture impliquée dans l'accident, quatre personnes ont été placées en garde à vue: le chauffeur, âgé de 32 ans, et ses trois passagers. Résidant en Gironde, il était jusqu'alors inconnu des services de police ou de la justice. En garde à vue, il a reconnu n'avoir aucune expérience comme pilote automobile et a exprimé "de forts regrets", note la magistrate.

A l'issue de ses auditions, il a été déféré au parquet de Bordeaux qui a décidé de le convoquer pour une comparution à délai différé devant le tribunal correctionnel le 7 juin prochain pour "blessures involontaires" avec deux circonstances aggravantes, "conduites d'un véhicule compromettant la sécurité des usagers ou la tranquillité publique" et pour avoir participé à un rodéo urbain. Il encourt jusqu'à sept ans de prison.

Présenté dimanche à un juge des libertés et de la détention, il a été incarcéré dans l'attente de son procès. Les trois passagers, âgés de 30, 21 et 19 ans, ont tous été relâchés sans poursuite.

· Quelle sévérité attendre de la part de la justice?

La procureure de la République de Bordeaux a jugé très sévèrement l'accident de la route survenu à l'occasion de ce rodéo urbain motorisé. "L’accident de vendredi soir dans une zone commerciale s’inscrit donc dans une volonté manifestement délibérée des personnes qui y participent d’enfreindre la loi et de mettre les autres en danger", a dénoncé Frédérique Porterie.

La magistrate a rappelé le travail mené conjointement par les autorités, la police et la justice, pour lutter contre ces spectacles depuis plusieurs mois et a déploré que "les participants à ce type de pratiques persévèrent au mépris de toutes les interdictions et/ou actions pour les faire cesser". Elle regrette également que la "présence de spectateurs vienne de fait cautionner ces pratiques illicites puisque les conducteurs viennent justement exhiber leurs performances devant des tiers".

"Si pour l’heure, nous pouvons nous réjouir que cette affaire n’ait pas eu de conséquences dramatiques, il faut surtout espérer que les participants à ce genre d’exercice prendront conscience de la gravité de leurs agissements, qu’ils en soient auteurs actifs ou spectateurs passifs", a conclu la procureure.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV