Ce que l'on sait du projet d'action violente contre un opposant russe déjoué en France

Un projet d'action violente à l'encontre de Vladimir Ossetchkine, opposant russe réfugié en France, a été déjoué. Quatre suspects ont été mis en examen et placés en détention provisoire.

Une information judiciaire a été ouverte ce jeudi 16 octobre par le parquet national antiterroriste (Pnat) après l'interpellation de quatre hommes ce lundi 13 octobre. Ils sont soupçonnés de "participation à une association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes".

• Des reconnaissances en avril dernier

Les quatre hommes sont suspectés d'avoir projeté une action violente à l'encontre d'un opposant russe, Vladimir Ossetchkine, réfugié en France. Le Pnat précise qu'avant cette information judiciaire ouverte mi-octobre, une enquête préliminaire avait été ouverte le 19 septembre dernier et confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Selon les premiers éléments de l'enquête, trois d'entre eux ont effectué des reconnaissances, en avril dernier, aux abords directs du domicile de l'opposant russe, à Biarritz. Des vidéos de son domicile, sans que l'on y voit l'opposant lui-même, ont notamment été découvertes sur le téléphone portable d'un des mis en cause.

• Les suspects placés en détention provisoire

Les mis en cause ont été interpellés en début de semaine dans différents endroits en France, notamment en Loire-Atlantique et en région parisienne, puis placés en garde à vue.

Les suspects sont âgés de 26 à 38 ans, selon les informations de BFMTV. Ils sont originaires du Daghestan, une petite République russe fédérée qui partage des frontières avec la Géorgie et de l'Azerbaïdjan.

L'un d'entre eux possède la nationalité française et est installé dans l'Hexagone depuis 18 ans, a appris BFMTV. Il a plusieurs enfants et n'était pas connu des services de la justice jusqu'alors. Interrogé en garde à vue pendant quatre jours, c'est le seul qui n'a pas effectué le voyage à Biarritz en avril dernier, même s'il avait été informé du projet de voyage.

Les trois autres ont quant à eux reconnu en garde à vue avoir effectué des repérages autour du domicile de Vladimir Ossetchkine, sans expliquer la finalité du projet.

Ce jeudi soir, ils ont été présentés à un magistrat instructeur et ont finalement été tous mis en examen et placés en détention provisoire, a confirmé le Pnat à BFMTV.

• Vladimir Ossetchkine, réfugié en France depuis dix ans

Vladimir Ossetchkine habite aujourd'hui à Biarritz. Il vit en France depuis l'ouverture en 2015 d'une affaire d'escroquerie ouverte en son encontre et est recherché en Russie depuis 2020.

"Tout va bien", a-t-il assuré auprès de l'AFP après l'ouverture de l'information judiciaire, en remerciant la police et le contre-espionnage français, "tous ceux qui ont participé à la capture de ces gangsters, de ces tueurs".

Il a également remercié "ceux qui travaillent pour empêcher ces sales projets sanglants de (Vladimir) Poutine en Europe et en France". "Il est évident que s'il n'y avait pas eu un service de sécurité aussi hautement professionnel et compétent, les tueurs de Poutine m'auraient tué depuis longtemps", a-t-il estimé.

Vladimir Ossetchkine se présente lui-même comme un militant des droits de l'homme et journaliste, spécialisé dans la critique du système carcéral russe. Il a également créé et dirigé l'ONG Gulagu.net qui a pour but de lutter contre la torture, la corruption dans le système pénitentiaire de son pays et de protéger le droit des détenus. Il a lui même passé quatre années en prison pour des crimes économiques.

Personnage controversé en Russie, il a été présenté par plusieurs médias comme étant proche du FSB, les services secrets russes, ce qu'il a toujours démenti.

• L'opposant fait état d'une tentative d'assassinat en 2022

En 2022, l'opposant notoire du Kremlin affirmait sur BFMTV avoir fait l'objet d'une tentative d'assassinat, qu'il attribue aux services secrets russes, alors qu'il dînait en famille à la mi-septembre. "J’ai vu un petit point rouge. Tout de suite, j’ai couché mes enfants au sol", nous racontait-il alors.

Le parquet de Bayonne, qui n'avait alors pas confirmé la tentative d'assassinat, a toutefois affirmé prendre "ces menaces de morts avec le plus grand sérieux". Une enquête préliminaire avait été ouverte sous le chef de "menaces" et avait été confiée aux soins de la police judiciaire locale.

Vincent Vantighem, avec Juliette Moreau Alvarez