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Police-Justice

Ce que l'on sait de la mort d'une femme à Cagnes-sur-Mer, présentée comme le "100e féminicide" de l'année

Un policier en service (PHOTO D'ILLUSTRATION)

Un policier en service (PHOTO D'ILLUSTRATION) - AFP

Le meurtre d'une femme, dont le corps a été retrouvé samedi sous des détritus, pourrait être le 100e féminicide de 2019. Le petit-ami de la victime est pour l'heure le principal suspect.

Samedi, le corps d'une jeune femme de 21 ans a été retrouvé, sans vie, sous un tas d'ordures à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Le principal suspect est son petit ami, né en 1993, qui a été arrêté et placé en garde à vue dimanche dans les locaux de la Sûreté départementale, à Nice. Voici les principaux éléments connus de cette affaire.

Des témoins ont entendu une dispute dans la nuit

Dans Nice Matin ce dimanche, un jeune homme de 19 ans, un voisin, assure avoir été témoin de l'agression meurtrière. Il affirme avoir d'abord surpris une dispute du couple aux alentours de 1h15 dans la nuit de vendredi à samedi. Il assure avoir tenté de raisonner l'homme, mais que ce dernier a menacé de le "planter".

Viennent ensuite des coups, très violents, auxquels le jeune homme de 19 ans dit avoir en partie assisté. Selon le témoin, il lui a "cogné la tête contre une voiture, puis contre un mur", l'a "piétinée (...) Il l’a fracassée. Elle ne bougeait plus et il s’acharnait."

Des voisins affirment avoir appelé la police

  • Sur France Bleu Azur, une femme du quartier, qui a aussi assisté à une partie de la dispute, raconte avoir appelé à deux reprises la police, et déplore le temps d'intervention trop long des forces de l'ordre.

"J'étais en contact avec la police, je leur expliquais tout en leur disant 'Mais là c'est fini ! Mais vous êtes où ? Je la vois plus, elle est morte cette petite, elle est morte !' ", raconte-t-elle.

Un autre voisin, Adrien, 31 ans, raconte à Nice-Matin avoir entendu des cris dans la nuit de vendredi à samedi, et "un énorme bruit", ce qui le pousse à aller voir dehors. Il entend alors un un voisin lancer: "T’as pas honte de taper une meuf ?". Après avoir appelé la police et constaté qu'elle était sur place, il est retourné se coucher.

Mais quand les policiers sont arrivés sur les lieux, le quartier était redevenu calme. D'après Nice-Matin, deux patrouilles de la police municipale et de la brigade anticriminalité se sont bien déplacées, mais n'ont rien décelé d'anormal dans le quartier, n'ont pas retrouvé de trace de la victime.

Le corps a été retrouvé sur un parking

Le cadavre de la jeune femme enroulé dans un tapis et dissimulé sous un tas d'ordures composé de branchages et d'une couette, a été découvert samedi midi, vers 12h40, sur un parking situé près de la voie ferrée de cette commune proche de Nice. Un riverain, depuis sa résidence, avait aperçu un pied qui en dépassait et prévenu les pompiers.

L'identification de la victime a été compliqué par les coups portés à son visage qui la rendaient "méconnaissable". Son père avait signalé sa disparition.

Le petit ami a été interpellé dimanche

L'interpellation a eu lieu en partie grâce à l'exploitation des images de vidéosurveillance, grâce auxquelles les enquêteurs sont remontés jusqu'au domicile du petit ami. "L'individu interpellé semble correspondre aux images des caméras de vidéo-surveillance de la ville sur lesquelles on le voit se disputer avec la victime", affirme le parquet de Grasse.

Divers témoignages désignent également le petit ami comme le suspect. Des témoins ont raconté avoir entendu la victime dire à son agresseur, lors de la dispute, "Je te quitte". 

Il nie être l'auteur des violences

  • Lors de sa première audition, le gardé à vue a expliqué qu'il était en couple avec la jeune femme depuis neuf mois, selon un communiqué du parquet d'Aix-en-Provence. Il a confirmé avoir eu une dispute avec elle à propos d'un message sur les réseaux sociaux qu'il soupçonnait qu'elle ait effacé. Après ses reproches, elle lui a annoncé vouloir rompre. Il a néanmoins assuré avoir quitté les lieux après la dispute. Sa garde à vue a été prolongée ce lundi soir. 

Des associations assurent qu'il s'agit du "100e féminicide" de l'année

A la suite de ce drame, une centaine de militantes du collectif #NousToutes se sont rassemblées dimanche soir place du Trocadéro à Paris pour dénoncer "le 100e féminicide de l'année". Par "féminicides", les militantes entendent le nombre de femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en France.

Le chiffre de 100 a été donné par le collectif "Féminicides par compagnons ou ex", qui recense les meurtres de femmes par conjoint ou ex-conjoint dans les médias et sur internet. Le petit-ami restant, pour le moment, un coupable présumé, "c'est un féminicide probablement conjugal que nous choisissons de publier au conditionnel", a précise lé collectif.

Pour l'année 2018, le ministère de l'Intérieur avait recensé 121 féminicides. Mardi s'ouvrira à Matignon un "Grenelle des violences conjugales" très attendu par les associations invitées mais déjà conspué par les militantes féministes non-conviées.

Salomé Vincendon avec AFP