Ce que l'on sait de l'accident de train à Calais, qui a coûté la vie à un migrant

Un TER en provenance de Dunkerque et à destination de Calais a percuté jeudi, aux alentours de 18h27 et à hauteur de Beau-Marais (Pas-de-Calais), un groupe de migrants, faisant un mort et trois blessés.
Dix-sept personnes se trouvaient dans le train au moment du drame, elles ont été évacuées. La SNCF a mis en place une prise en charge psychologique pour le conducteur du train.
Dans cet accident, "un jeune d'une vingtaine d'années a été tué, un autre est en urgence absolue et il y a deux blessés légers", explique le vice-président des Hauts-de-France Franck Dhersin, qui adresse ses pensées aux "victimes mais aussi (au) conducteur du train". Les associations d'aide aux migrants déclarent, elles, qu'il s'agit de mineurs arrivés récemment.
Des conditions météorologiques déplorables
Évoquant un "bilan dramatique", l'élu en charge des mobilités des infrastructures de transport et des ports précise qu'il s'agit d'Érythréens. Le procureur de Boulogne-sur-Mer indique aussi que les deux blessés légers sont des ressortissants du pays du nord-est de l'Afrique.
"Ils marchaient le long de la voie. Vous savez, c'est beaucoup plus facile de marcher le long d'une voie que dans la lande, dans des champs quand il fait nuit, vous ne savez pas où vous mettez les pieds (...) c'est probablement pour ça qu'ils ont suivi cette voie de chemin de fer", explique Franck Dhersin.
D'après lui, les "conditions météorologiques" ont grandement participé à cette catastrophe. "Il pleuvait des cordes, il faisait noir, le conducteur n'a pas pu voir ces migrants avant le dernier moment" et il y avait un "vent très fort, assourdissant donc les migrants ont pu ne pas entendre" le train arriver.
"Le chemin des migrants"
"Ce n'est pas une ligne très fréquentée, il n'y a pas des trains très souvent. Donc, peut-être qu'ils ont dû se sentir en sécurité, malheureusement ça n'était pas le cas", regrette le vice-président des Hauts-de-France.
Cette voie ferrée est un axe fréquenté quasi-quotidiennement par les migrants. Elle permet de rejoindre le centre-ville de Calais, la rocade portuaire, certains camps qui sont à proximité des rails ainsi que le lieu de distribution de repas, d'après les informations de BFMTV.
La "voie empruntée est celle qui est utilisée entre la route de Marck et de Calais et qu'empruntent de très nombreux migrants. C'est le chemin des migrants (...) pour lequel il est demandé depuis plusieurs années à ce que la sécurité ferroviaire vienne y mettre des moyens supplémentaires, chose qui n'est pas faite", décrypte la maire Les Républicains de Calais, Natacha Bouchart, sur notre antenne.
Un démantèlement à proximité
À quelques kilomètres, près de Marck, les forces de l'ordre avaient tenté d'évacuer un camp de migrants jeudi d'après nos confrères de La Voix du Nord mais aucun lien n'est établi pour le moment. "C'est plutôt un groupe de migrants qui venait de Dunkerque alors que le lieu du démantèlement se situe après le lieu de l'accident", estime pour sa part Natacha Bouchart.
Cependant, pour Franck Dhersin, il est "probable" que les victimes viennent de ce camp démantelé qui précise que si la "grande jungle" de Calais a été démantelée il y a 5 ans, "depuis il y a des dizaines de jungles entre Dunkerque, Calais et au-delà même de Calais". "À Grande-Synthe, hier, nous avons comptabilisé plus de 1400 tentes", s'indigne l'élu qui parle d'une situation "scandaleuse".
La solution tiendrait dans la mise en place de "dispositifs d'accueil dignes", juge le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice. La "politique de dispersion des personnes ne les fait pas disparaître" considère celui pour qui "les premiers responsables, après les responsables érythréens qui font fuir leur jeunesse, ce sont les Britanniques qui n'exercent pas leur responsabilité au droit d'asile".
Nombreuses tentatives de traversées de la Manche
Ce drame s'est produit alors que les tentatives de traversées de la Manche par des migrants sur des bateaux se multiplient ces derniers jours au large du Nord et du Pas-de-Calais, lors d'une année déjà record. Jeudi matin, le corps d'un migrant a été retrouvé dans une embarcation de 3,5 mètres remplie d'eau sur une plage de Wissant. À ses côtés, deux personnes "en état d'hypothermie sévère" ont été transportées à l'hôpital.
La veille, un migrant est mort, un autre a été porté disparu et 779 personnes ont été secourues en mer à la suite d'un naufrage de plusieurs embarcations de fortune dans la Manche, selon la préfecture maritime.
"Nous, on a ramené 50 migrants", compte Bernard Barron. Pour ce président de la station Société Nationale de Sauvetage en Mer de Calais (SNSM), "ça devient infernal". "On va chercher des nourrissons en mer, on va chercher des bébés de trois mois, c'est épouvantable", s'exclame-t-il au micro de BFMTV.