Calais: le Britannique qui avait aidé une Afghane à quitter la "jungle" condamné à 1.000 euros d'amende

Rob Lawrie a été condamné pour "mise en danger d'autrui". - Denis Charlet - AFP
Son avocate avait réclamé la "clémence" du tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Rob Lawrie, un bénévole britannique de 49 ans, a été condamné à une amende de 1.000 euros avec sursis, après la découverte dans son véhicule d'une petite Afghane de 4 ans qu'il tentait d'extraire de la "jungle" de Calais, pour la ramener auprès des membres de sa famille vivant en Angleterre. Le jugement a été accueilli par une salve d'applaudissements.
Rob Lawrie était poursuivi pour "aide à la circulation irrégulière d'un étranger". Rapidement, ce chef d'accusation a été abandonné. En France, les mineurs ne sont pas considérés comme étant en situation irrégulière. Le procureur de Boulogne-sur-Mer a estimé lors de son réquisitoire que le Britannique ne s'inscrivait pas dans une filière de passeurs professionnels, "sinon il aurait été jugé en comparution immédiate". Des faits pour lesquels il risquait jusqu'à cinq ans de prison et 30.000 euros d'amende.
"Conditions indignes" de transport
Toutefois, les faits ont été requalifiés de "mise en danger de la vie d'autrui". Le tribunal a ainsi suivi le réquisitoire du procureur de Boulogne, Jean-Pierre Valensi, qui a dénoncé les conditions de transport de l'enfant, "parce que la fin ne justifie pas les moyens. Ce n’est pas parce qu’on veut aider une enfant qu’on peut l’aider en mettant sa vie en danger", a fait valoir le procureur, cité par Le Monde, rappelant que la fillette n’était "protégée par rien, pas de ceinture..."
Le 24 octobre dernier, Rob Lawrie avait cédé face à la demande appuyée de la famille afghane de la petite Bahar, réfugiée dans la "jungle" de Calais, dont le père souhaitait qu'elle rejoigne un oncle afghan installé à Leeds, en Angleterre. Sur le trajet, deux réfugiés érythréens s'étaient cachés dans la camionnette, attirant l'attention des policiers. En fouillant le véhicule, ils avaient retrouvé la petite fille dans le compartiment situé au-dessus du siège conducteur.
Soulagement
"Ce que j'ai fait était stupide, j'étais émotionnellement épuisé", a reconnu Rob Lawrie devant le tribunal, lors de débats qui se sont concentrés sur la sécurité de la fillette. Le Britannique a alors expliqué ne pas avoir pensé à cette question avant de lâcher, comme le raconte un journaliste de FranceTvInfo: "J'aurai dû". Toutefois, il a nié avoir vissé une planche contre la couchette, comme l'a expliqué le procureur de Boulogne, qui a dénoncé des "conditions indignes" de transport.
Après l'annonce de ce jugement, l'avocate de Rob Lawrie a annoncé que son client ne ferait pas appel de cette condamnation. A l'issue de l'audience, le Britannique a salué "la justice d'un pays humain". Il est apparu manifestement soulagé.