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Police-Justice

Calais: un Britannique poursuivi après avoir aidé une réfugiée de 4 ans

L'homme, bénévole humanitaire dans la "jungle" de Calais, s'est ému des "conditions horribles" qui y règnent.

L'homme, bénévole humanitaire dans la "jungle" de Calais, s'est ému des "conditions horribles" qui y règnent. - Philippe Huguen - AFP

Rob Lawrie, un bénévole anglais dans la "jungle" de Calais, va être jugé à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. Son tort: avoir tenté d'aider une petite réfugiée afghane de quatre ans à traverser la Manche.

Il a agit par "instinct paternel". Rob Lawrie, un Britannique de 49 ans, est poursuivi par la justice française pour "immigration illégale". Ce bénévole, qui s'est engagé auprès des migrants de la "jungle" de Calais, est accusé d'avoir tenté de faire entrer une jeune réfugiée de quatre ans sur le territoire du Royaume-Uni. Il risque cinq ans de prison et d'une amende de 30.000 euros au terme de son procès qui va se tenir à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais.

Le Britannique, père de quatre enfants, a été arrêté le 24 octobre dernier par les policiers français. Cet ancien militaire de formation, habitant à Guiseley, près de Leeds en Grande-Bretagne, s'est engagé auprès des migrants. Sa vocation est née après la publication de la photo du petit Aylan Kurdi, cet enfant syrien retrouvé mort échoué sur une plage turque.

"Les conditions étaient horribles, cela m'a rappelé les décharges de Bombay", confie Rob Lawrie à The Independent.

De la famille en Angleterre

Au cours de ses nombreux passages dans la "jungle" de Calais, où s'entassent des milliers de migrants qui souhaitent passer en Angleterre, le Britannique rencontre Reza Ahmadi, un réfugié afghan. Les deux hommes commencent à se lier d'amitié. "Elle a commencé à me suivre partout", poursuit l'ex-militaire en parlant de la petite fille de Reza, Bahar Ahmadi.

Le père de l'enfant lui explique que sa femme est restée en Afghanistan mais qu'il a de la famille dans le Yorkshire, un comté en Angleterre. "Je lui ai dit non, puis lors de mon dernier jour, nous avons discuté autour d'un feu de camp et Bahar s'est endormie sur mes genoux", raconte Rob Lawrie. Il décide alors d'emmener la petite fille avec lui.

Compassion

Il la cache dans le compartiment situé au dessus du siège conducteur de sa camionnette. Mais à la frontière, son véhicule est arrêté. Deux réfugiés érythréens avaient embarqué illégalement dans son van. La fouille complète de ce dernier par les autorités permet alors la découverte de l'enfant. Arrêté, le Britannique a été libéré sous caution.

"Je sais que j'ai commis un crime mais je ne me sens pas coupable de compassion", insiste Rob Lawrie.

Dans le Daily Mail il s'explique: "Ce que j'ai fait est illégal et vraiment stupide. Quand vous réalisez qu'à seulement 22 miles de cette petite fille il y a une maison accueillante et une famille qui l'aime, toute raison vous échappe".

Deux pétitions

Cette affaire a suscité une vive émotion en Grande-Bretagne mais aussi en France. Sur sa page Facebook, où l'ex-militaire avait posté une vidéo, intitulée "The Truth", regroupant des photos prises lors de ses séjours dans la "jungle" de Calais, de nombreux messages de soutien, en anglais et en français, ont également été écrits.

Une pétition "Non à l'emprisonnement de Rob Lawrie, qui a voulu sauver une enfant de la jungle de Calais", à l'attention de Christiane Taubira, a également été lancée. Elle a déjà recueillie 18.000 signatures en France et 43.000 en Grande-Bretagne.
J.C.