Booba en garde à vue: Gims, Magali Berdah, messages racistes et antisémites… ces affaires dans lesquelles le rappeur est poursuivi

Le rappeur Booba sur scène le 14 juillet 2022 - ROMAIN PERROCHEAU
"Comment ne pas être un pitbull quand la vie est une chienne?" Dans ses chansons comme dans ses messages sur les réseaux sociaux, le rappeur Booba a toujours été pour le moins offensif. C’est grâce à ça qu’il a su séduire 120.000 personnes le week-end dernier lors de trois concerts salués par la critique à la Défense Arena (Hauts-de-Seine). C’est à cause de ça qu’il a pris, mercredi, le chemin de la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) pour y être placé en garde à vue.
Aujourd’hui âgé de 48 ans, Elie Yaffa de son vrai nom, a été convoqué pour répondre de faits de harcèlement moral et de cyberharcèlement envers le chanteur Gims et sa compagne surnommée Demdem. En août 2024, le couple avait déposé plainte contre Booba pour dénoncer son harcèlement "depuis six ans".
Du clash au cyberharcèlement
Comme souvent dans le monde du rap, tout était parti d’un clash qui a ensuite dégénéré et a été, d’après le couple, "encouragé par le nombre impressionnant des admirateurs" de Booba, provoquant une situation de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux.
En cause: des messages où le "Duc de Boulogne" s’en prend au physique de Gims le qualifiant, notamment, de "croquette pour chat". Et d’autres où il attaque sa compagne Demdem la présentant, tour à tour, comme une "catin" ou encore "une pondeuse".
Mais l’affaire ne s’est pas limitée aux seuls réseaux sociaux. Dans cette plainte, Booba est également visé pour les propos qu’il tient dans sa chanson Dolce Camara sortie en 2024 avec SDM. "On les aime fraîches, bien michtos qui savent accueillir comme Demdem", scande-t-il ainsi en faisant référence à une vidéo de la jeune femme qui tourne sur les réseaux sociaux et qui, à certains égards, pourrait presque relever du revenge-porn.
Entendu en garde à vue depuis mercredi, le rappeur n’a pu contester la réalité des publications sur les réseaux sociaux que les enquêteurs lui ont mises sous les yeux. Selon les informations de BFMTV, pour ce qui relève de la chanson incriminée, il a, en revanche, mis en avant la "libre expression artistique".
Jugé en décembre pour des messages racistes et antisémites
Le problème, c’est que Booba est suivi sur les réseaux sociaux. Très suivi même. Par le passé, ses comptes ont été suspendus momentanément. Mais il a pu les rouvrir. Rien que sur X (anciennement Twitter), il touche, aujourd’hui, une communauté de plus de 6,5 millions d’abonnés. Des admirateurs pour la plupart qui n’hésitent pas à reposter le "Duc" voire à le commenter, transformant chaque message en une déferlante violente.
C’est donc pour ça que Booba est aujourd’hui dans le viseur de la justice pour plusieurs procédures de harcèlement. Si, par le passé, il avait défrayé la chronique pour des bagarres physiques avec le rappeur La Fouine ou avec son ancien acolyte Kaaris, alors qu’ils se trouvaient à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne), Booba est désormais poursuivi pour trois affaires de harcèlement ouvertes pour son activité derrière un clavier.
Le 3 décembre prochain, il doit, en effet, être jugé pour des messages racistes et antisémites postés sur les réseaux sociaux. D’abord à l’encontre du chercheur Tristan Mendès-France dont il avait évoqué la confession juive dans le message. Et contre la journaliste de France Info Linh-Lan Dao dans un message faisant référence à ses origines asiatiques, au détour d'un débat sur les effets secondaires des vaccins à ARN messager.
Cyberharcèlement de Magali Berdah
Mais l’affaire la plus emblématique des effets délétères des réseaux sociaux reste celle qui l’oppose à l’ancienne papesse des influenceurs, Magali Berdah. En croisade contre ce qu’il a appelé les "influvoleurs", Booba s’en est pris à elle pendant des années, entraînant là aussi des répliques dans les rangs de ses followers.
C’est ainsi que 28 personnes ont été condamnées, en mars, pour ce cyberharcèlement "en meute". Le rappeur, lui, n’a pas encore été jugé. Mais mis en examen en 2023, il risque, dans cette affaire aussi, de devoir un jour comparaître à la barre d’un tribunal.
Sous contrôle judiciaire avec interdiction de s’en prendre à Magali Berdah, il avait d’ailleurs dû être rappelé à l’ordre par la justice en janvier 2024 car il continuait de poster des messages.
Désormais, il a donc changé de cible. Mais les ennuis ne sont pas terminés. À l’issue de sa garde à vue ce jeudi, il reviendra au parquet de Paris de prendre une orientation avec une possible nouvelle mise en examen voire même une convocation directe devant un tribunal.
Reste à savoir si les magistrats ont été informés que, le week-end dernier, c’est justement par la chanson Dolce Camara que Booba a conclu chacun de ses concerts à la Défense Arena. En prenant bien soin de faire reprendre par l’ensemble du public en furie le couplet litigieux visant précisément Demdem…