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Biarritz: la justice ordonne à la ville de changer le nom du quartier de "La Négresse"

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La cour administrative d'appel de Bordeaux a jugé ce jeudi 6 février que cette appellation, défendue par la ville de Biarritz, est "de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine".

Après plus de dix ans, le débat est tranché. La cour administrative d'appel de Bordeaux a ordonné ce jeudi 6 février à la ville de Biarritz de débaptiser son quartier de "La Négresse", "un sobriquet raciste et sexiste" selon l'association Mémoires et Partages qui l'avait saisie.

"La cour juge que, quelle que soit l'origine supposée de cette appellation et sa dimension historique revendiquée par la commune de Biarritz, le terme 'La Négresse' évoque aujourd'hui, de façon dévalorisante, l'origine raciale d'une femme dont l'identité n'a d'ailleurs pas été formellement identifiée", peut-on lire dans un communiqué.

Elle pointe un mot "de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine" qui peut être perçu par la population, "qu'elle soit résidente ou de passage, comme comportant un caractère offensant à l'égard des personnes d'origine africaine".

La maire Maïder Arosteguy (LR), qui "regrette cette décision", déclare sur BFMTV qu'elle va "probablement" déposé un recours en cassation devant le Conseil d'État. "Nous y réfléchissons, mais je pense que nous irons tenter de convaincre la justice de changer sa décision", affirme-t-elle.

Un délai de trois mois

L'association bordelaise Mémoires et Partages, qui promeut le travail de mémoire sur la colonisation et l'esclavage, avait demandé à la maire Maïder Arosteguy (LR) d'abroger deux délibérations de 1861 et 1986 ayant baptisé du nom "La Négresse" un quartier et une rue de la ville.

L'élue ayant refusé, l'association avait saisi le tribunal administratif de Pau qui avait également rejeté son recours par un jugement du 21 décembre 2023. Elle avait ensuite fait appel de cette décision.

"En conséquence, la cour annule la décision attaquée et enjoint à la maire de la commune de Biarritz de saisir, dans un délai de trois mois, le conseil municipal, seul compétent pour décider de modifier le nom d'un lieu-dit situé sur le territoire de la commune, pour qu'il procède à l'abrogation des délibérations" en question, précise l'instance judiciaire.

À l'audience, le 16 janvier la rapporteure publique, dont l'avis est généralement suivi, avait estimé que "l'évolution sémantique" du mot lui confère aujourd'hui une "connotation insultante" pouvant "porter atteinte à la dignité humaine".

"Une tradition qui n'est absolument pas raciste"

L'édile Maïder Arosteguy assure sur BFMTV que cette appellation n'a "pas de connotation raciste". "C'est une appellation historique, beaucoup de Biarrots y sont attachés", assure-t-elle.

"Ce personnage est une légende urbaine, le symbole d'une femme qui s'est affranchie de ses carcans, qui s'est rebellée contre le statut d'esclave", souligne la maire. "Il y a bien sûr des personnes qui sont choquées mais ce sont des personnes qui ne connaissent pas l'histoire de la ville, notre culture, nos traditions".

Avant d'ajouter: "Ce nom est issu d'une tradition qui n'est absolument pas raciste, à nous de l'expliquer, à nous de convaincre".

J.Bro avec AFP