Béziers: la justice rejette la demande d'enlèvement de la crèche

La crèche de Noël va rester dans le hall de la mairie de Béziers - Pascal Guyot - AFP
La crèche de Noël restera dans le hall de la mairie de Béziers. Le tribunal administratif de Montpellier, saisi en référé, c'est-à-dire en urgence, a rejeté vendredi en début d'après-midi la demande d'enlèvement de la scène de la Nativité dans l'Hôtel de Ville.
Dans son jugement de cinq pages, la juge Marianne Hardy a justifié sa décision par défaut d'urgence dans cette affaire, "en l'absence de circonstances particulières qui auraient pu résulter, notamment de troubles à l'ordre public". "Il ne résulte pas de l'instruction, ni des explications apportées à l'audience que la décision d'installer une crèche dans le hall serait de nature à porter" atteinte "aux principes de laïcité et de neutralité", écrit-elle.
L'atteinte à la laïcité pas prouvée
"L'illégalité de la décision litigieuse, à supposer établie, ne caractérise pas davantage une décision sans attendre le jugement de la requête au fond", a ajouté la magistrate pour laquelle de surcroît, la preuve de l'atteinte "aux principes de laïcité et de neutralité du service public" n'a pas été apportée à l'audience.
Début décembre, le tribunal administratif de Nantes avait statuer de manière différente. Le juge avait ordonné qu'une crèche de Noël soit retirée du hall du Conseil général de Vendée au nom du principe de séparation de l'Eglise et de l'Etat, prévu dans l'article 28 de la loi de 1905.
"La France est un pays laïc"
Le tribunal administratif de Montpellier était saisi par un Biterrois, soutenu par la Ligue des droits de l'homme. La crèche de la nativité est "une atteinte à la laïcité" car elle "symbolise" la naissance du Christ un événement "au coeur de la religion chrétienne", a plaidé Me Sophie Mazas.
"La décision du maire viole la liberté de conscience des administrés et des requérants qui n'ont pas à voir s'imposer la religion du maire ou la religion censée avoir été dominante à Béziers", a souligné Me Mazas, rappelant que Robert Ménard, le maire de Béziers, avait déjà imposé une messe pendant la dernière Feria estivale. Comme en Espagne. "M. Ménard confond: la France est un pays laïc, L'Espagne est un pays catholique", a commenté Me Mazas.
"Une grande satisfaction" pour Robert Ménard
Contacté par BFMTV, Robert Ménard a déclaré que cette décision était "une grande satisfaction". "Les gens sont ravis (...), les dizaines de messages de soutien ont servi à quelque chose". Le maire de Béziers ajoute que "c'est le quatrième procès que la Ligue des droits de l'homme perd". "C'est quelque chose qui n'est pas attentatoire au principe de laïcité (...). On peut être laïc sans pour autant renier ce qu'est l'histoire de ce pays, ce que sont les traditions, la culture, l'ADN, l'âme de ce pays. Et parmi cette âme, cette culture, cette ADN, il y a la crèche de Noël".
Contestation de la validité de l'action
Au début du mois de décembre, Robert Ménard avait reçu un courrier du préfet de l'Hérault, alerté par l'opposition, lui demandant l'enlèvement de la crèche dans sa mairie. Le maire de Béziers, soutenu par le FN, avait pourtant décidé de laisser la crèche dans le hall de l'Hôtel de Ville, avançant que cette installation fait partie de la politique culturelle de la ville.
Me Raphaële Hiault Spitzer, avocate de la mairie, a contesté la validité de l'action estimant que ni la Ligue des droits de l'homme ni le Biterrois "n'avaient d'intérêt à agir", pas même au plan fiscal parce que le coût est de 0,09 centime par habitant.
Même question à Melun
Cette affaire de la crèche de Béziers a fait des émules. En effet, le tribunal administratif de Melun, en Seine-et-Marne, doit également se prononcer sur une requête déposée par des défenseurs de la laïcité qui demandent au maire de retirer une crèche installée elle-aussi dans l'enceinte de la mairie. La décision sera rendue lundi.
"Nous avons attaqué en justice car nous demandons simplement que la loi de 1905, qui sépare l'Église et l'État, et que le principe de laïcité soient respectés dans les lieux publics", a dit le président de la fédération seine-et-marnaise, Laurent Tribouillard, à l'issue de l'audience.
"Depuis 2005, on lui dit chaque année qu'il y a un petit Jésus dans cette crèche et qu'il n'y a pas que des chrétiens à Melun. C'est un maire et à ce titre il doit plus que les autres respecter les lois de la République", a ajouté Gérard Docquin, secrétaire de cette association.