BFMTV
Police-Justice

Bébé dans un coffre: le point sur l'enquête

C'est dans cette maison de Brignac-la-Plaine, en Corrèze, que vivait la mère de l'enfant découverte dans un coffre.

C'est dans cette maison de Brignac-la-Plaine, en Corrèze, que vivait la mère de l'enfant découverte dans un coffre. - -

La petite fille découverte vendredi dans le coffre de la voiture de sa mère a été prise en charge par les services sociaux. Ses parents ont été mis en examen. Combien de temps a-t-elle passé là? Qui sont les parents? BFMTV.com fait le point sur ce que l'on sait.

Cette affaire "défie l'imagination", a déclaré dimanche le procureur de la République à Brive, Jean-Pierre Laffitte. Le magistrat venait d'annoncer la mise en examen d'un couple de Brignac-la-Plaine (Corrèze) pour "violences habituelles sur mineur" et "privation de soins". Vendredi, dans le coffre de leur voiture, un garagiste a retrouvé une fillette déshydratée, sale et souffrant visiblement de malnutrition.

Que s'est-il passé? Comment la fillette s'est-elle retrouvée là? Que connaît-on de sa vie depuis sa naissance? BFMTV.com fait le point sur l'enquête.

Comment la filette a-t-elle été découverte?

C'est un garagiste de Terrasson (Dordogne) qui a fait l'incroyable découverte dans le coffre de la voiture d'une cliente, vendredi, alors que celle-ci venait demander une réparation sur un interrupteur du tableau de bord.

"J'ai rentré le véhicule dans l'atelier et j'entendais des bruits de grattement dans le coffre et des petits couinements, comme si c'était un animal", témoigne le garagiste au micro de RTL. Interrogée sur la présence d'un chien ou d'un chat dans la voiture, la femme assure "qu'un des jouets des enfants a dû se déclencher". Mais devant la persistance des bruits suspects, le coffre est finalement ouvert. "Consternés, on retrouve une petite fille à côté de son couffin, posée sur des sacs poubelle", décrit Guillaume Iguacel qui se souvient d'une "odeur de charnier". La petite fille "était complètement nue, déshydratée, transpirante. Elle cherchait de l'air. C'était complètement surréaliste."

C'est lui qui prévient la gendarmerie alors que la femme reste "stoïque" et ne semble pas montrer de "signes de nervosité". Placée en garde à vue, Rose-Marie, 45 ans, a reconnu être la mère de l'enfant et l'avoir dissimulé depuis sa naissance.

Quelle a été sa vie jusqu'à maintenant?

Selon les premiers éléments de l'enquête, la petite fille n'a pas été déclarée à sa naissance auprès de l'état civil. Impossible donc de connaître précisément son âge. Les premiers éléments médicaux ont montré que Rose-Marie et son compagnon sont bien les parents de la fillette et que cette dernière aurait "entre 15 et 24 mois", selon le procureur de la République. On ignore, en revanche, si l'enfant porte un prénom.

"Ce qui paraît certain, c'est que l'enfant séjournait de façon régulière dans le coffre de cette voiture", a expliqué une source proche de l'enquête au Parisien (article payant).

La fillette, désormais hors de danger, souffre d'importants retards de développement, affirme La Montagne. "Ni son poids ni sa taille ne seraient conformes à ceux d'un enfant de son âge", écrit le journal local citant le procureur de la République. Elle souffrirait également de gros retards psycho-moteurs qui nécessiteront une lourde prise en charge.

Et personne n'a rien vu?

"Le bébé a été dissimulé à tous points de vue, a priori depuis sa naissance", a indiqué le procureur de la République ce week-end.

Les voisins du couple domicilié à Brignac-la-Plaine (Corrèze) affirment "n'avoir rien vu". "Je n'ai jamais trouvé là-bas la trace d'un bébé", explique l'un d'entre eux à Sud Ouest. "Ce sont des gens comme tout le monde, éduqués, pas plus sales que vous et moi", poursuit-il.

Certains, avec le recul, se souviennent néanmoins de quelques détails qui auraient pu les alerter. "On avait l'impression que cette femme vivait dans sa voiture. Elle ne la quittait pas", explique Pascale, une voisine, interrogée par Le Parisien qui se souvient également que "le coffre était systématiquement ouvert". Mais le véhicule était garé à 200 mètres de chez elle, "en marche arrière contre un portail en fer", de sorte que les riverains ne puissent rien voir. D'autres indiquent avoir vu régulièrement le véhicule "protégé par des cartons et des couvertures", sans jamais avoir entendu ni pleurs ni cris.

De la même manière, la mère d'une élève de l'école où étaient scolarisés les autres enfants de Rose-Marie (deux garçons de 9 et 10 ans et une fille de 4 ans) se souvient d'avoir vu la mère de famille se "garer assez loin" et "ne plus sortir" de son véhicule pour accompagner ses enfants en classe, l'année dernière. "A la rentrée de septembre, elle est revenue discuter et plaisanter avec nous. (...) Elle a réussi à berner tout le monde."

Qui sont les parents?

En garde à vue, le père, un maçon au chômage de 40 ans, a affirmé à plusieurs reprises n'avoir jamais eu connaissance de l'existence de la fillette. Mais le procureur de la République n'a pas donné beaucoup plus de détails sur la question. La mère aurait déclaré avoir accouché seule et avoir pris seule la décision de dissimuler l'existence de sa fille. "Les versions méritent d'être contrôlées", a expliqué le procureur cité par Sud Ouest.

La voiture a été placée sous scellés et l'enquête doit désormais faire la lumière sur les zones d'ombre de cette affaire. Des perquisitions doivent avoir lieu au domicile du couple. La mère doit être soumise à des expertises psychologiques et psychiatriques. Et des auditions doivent avoir lieu dans l'entourage des parents.

Que risquent-ils?

Rose-Marie et son compagnon ont été mis en examen pour "violences habituelles sur mineur, privation de soins par ascendant et dissimulation ayant entraîné atteinte à l'état civil de l'enfant". Ils ont été placés sous strict contrôle judiciaire et laissés en liberté. Ils encourent au total une peine d'emprisonnement maximale de 10 ans.

La fillette est toujours hospitalisée au service pédiatrique de l'hôpital de Brive où elle doit subir de nouveaux examens, indique France 3 Limousin. Les trois autres enfants de Rose-Marie ont été confiés aux services sociaux. Ils doivent faire l'objet d'examens médicaux pour déterminer s'ils ont été, ou non, victimes de mauvais traitements.

V.D.