Bavure mortelle au Flash-Ball: devant le tribunal correctionnel, un policier invoque la légitime défense

- - Beatrice Huret devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer le 27 juin 2017 - PHILIPPE HUGUEN, AFP
Un policier qui a tué un homme d'un tir de Flash-Ball, première bavure mortelle recensée en France avec cette arme, a plaidé vendredi la "légitime défense" devant le tribunal correctionnel de Marseille.
"Je n'ai absolument pas tiré pour tuer", a déclaré Xavier Crubezy, costume noir et lunettes rectangulaires sur un visage rond. Le gardien de la paix répond "d'homicide involontaire" pour l'utilisation de cette arme présentée comme non-létale, un délit passible de trois ans de prison au maximum.
Le 12 décembre 2010, il avait voulu maîtriser Mustapha Ziani, 45 ans, résident d'un foyer de travailleurs de Marseille, en lui tirant dessus au niveau du thorax avec son Flash-Ball. Mustapha Ziani venait de blesser l'un de ses voisins à coups de couteau, s'était retranché dans sa chambre et avait jeté une tasse à la face du policier. Il est décédé le lendemain d'un arrêt cardiaque.
Tir de Flash-Ball trop proche
"Pour moi, quand j'ai tiré, la légitime défense était établie. On savait qu'il y avait des couteaux qui traînaient, qu'il pouvait s'en servir", a déclaré le policier.
L'enquête a démontré que Xavier Crubezy avait utilisé son Flash-Ball à environ 4,40 mètres alors que l'administration exige une distance minimale de 7 mètres.
Ce procès était attendu par les tenants d'une interdiction des lanceurs de balles de défense (LBD), la famille d'armes à laquelle appartient le Flash-Ball. L'Association des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), qui en demande l'interdiction, recense 42 blessés graves et un décès liés à l'usage de cette famille d'armes, depuis leur introduction en France.