Banni des tribunaux, l'avocat Karim Achoui fait son grand retour

Karim Achoui a prêté serment à Alger, ce qui lui permet de plaider en France. - Joel Saget - AFP
"J’en faisais trop, j’étais excessif." De son propre aveu, Karim Achoui a changé. C'est en tout cas ce qu'il expliquait en avril dernier lors de la sortie de son guide Musulmans, quels sont vos droits? A partir de ce mardi, celui qui a défendu des pointures du milieu parisien, qui s'est fait radier du barreau de Paris pour avoir multiplier les infractions refera parler de lui sur la scène judiciaire. Pas comme avocat mais comme victime lors du procès de ses deux agresseurs présumés qui comparaissent pour "tentative d'assassinat".
Le 22 juin 2007, alors qu'il sortait de son cabinet parisien, deux hommes casqués l'attendent. Même si Karim Achoui prend la fuite, ses assaillants vont le rattraper. Il sera touché dans le dos puis à la hanche avant que l'arme, un 11.43, ne s'enraye. Une tentative d'exécution qui coïncide avec le début de sa descente aux enfers alors que ce jour-là, justement, l'avocat venait d'être condamné à un an de prison, 10.000 euros d'amende et cinq ans d'interdiction d'exercer pour avoir imité la signature de son ex-femme pour faire des achats.
Une succession de condamnations
Le 28 novembre 2005, Karim Achoui est interpellé chez lui. L'Office central pour la répression du banditisme le soupçonne d'avoir contribué à l'évasion du braqueur Antonio Ferrara en 2003 de la maison d'arrêt de Fresnes. Mis en examen, il est condamné en décembre 2008 à sept ans d'emprisonnement et libéré sous caution en février 2009. Faisant appel de sa condamnation, l'avocat sulfureux est acquitté le 22 octobre 2010. L'Etat doit lui verser 600.000 euros de dommages et intérêts pour ces 52 jours passés en quartier d'isolement à la prison de Nanterre.
Mais cette condamnation a fini d'enterrer la réputation de l'avocat. Karim Achoui se lance dans l'édition de magazines ou dans la restauration avec le comédien Smaïn. En 2011, il est condamné à un an de prison ferme pour "travail dissimulé" dans le cadre de cette activté. L'affaire se répète en mai dernier, où il écope d'une amende de 10.000 euros pour ne pas avoir déclaré son "chauffeur" entre 2009 et 2010. Mais le plus dur pour lui reste certainement sa radiation du barreau de Paris en 2010, décision confirmée en janvier 2011, après la multiplication des infractions dont il s'est rendu coupable.
Retour par la fenêtre
Est-il interdit d'exercer son métier d'avocat en France? Peu importe pour Karim Achoui qui n'est pas prêt à renoncer: le 14 février 2014, il prête serment au barreau d'Alger, lui le Franco-Algérien. Une manière de revenir dans les tribunaux parisiens grâce à une convention entre les deux pays, qui permet aux avocats algériens de plaider en France, et inversement. Pour son grand retour, Karim Achoui s'offre une affaire médiatique, en défendant le chanteur Jean-Luc Lahaye face à Julie Pietri, qui l'attaque pour diffamation.
Mais celui qui a été surnommé "l'avocat du milieu" pour avoir défendu escrocs et braqueurs, grosses pointures et personnalités publiques, mène désormais d'autres combats. En avril dernier, il assurait sur France Info que sa fascination "pour les escrocs" était passée. Aujourd'hui, Karim Achoui lutte auprès de l'association qu'il a créée, la Ligue de défense judiciaire des musulmans, ou défend Moussa, l'humanitaire, incarcéré au Bangladesh, qui appartient à la controversée association Barakacity. Son auto-critique repose sur un élément: "Je ne défendrai peut-être pas de la même manière toutes celles et ceux qui viendraient me solliciter".