Attentat de Magnanville: la réclusion criminelle à perpétuité requise contre Mohamed Lamine Aberouz

Après deux semaines et demie d'audiences, la perpétuité a été requise contre Mohamed Lamine Aberouz, ce mardi, par les deux avocates générales de la cour d'assises spéciale de Paris. Celle-ci est assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.
Âgé de 30 ans, cet homme comparaît depuis le 25 septembre pour complicité dans l'assassinat, au nom de l'organisation Etat islamique, d'un couple de policiers à leur domicile de Magnanville (Yvelines) le 13 juin 2016.
Mohamed Lamine Aberouz est le seul à être jugé dans ce dossier, le tueur Larossi Abballa ayant été neutralisé par les policiers du RAID lors de l'assaut pour libérer l'enfant du couple retenu en otage.
Aucune "opposition à l'État islamique"
Vendredi, lors de l'interrogatoire de l'accusé, l'une des magistrates avait relevé qu'à "aucun moment" ce dernier n'avait "manifesté une opposition à l'État islamique". L'accusation repose essentiellement sur une trace ADN, retrouvée sur le repose-poignet de l'ordinateur portable des victimes et qui indique, selon le ministère public, que l'accusé était présent au domicile des victimes le soir de leur assassinat.
La défense de Mohamed Lamine Aberouz soutient que cette trace provient d'un "transfert" d'ADN entre la voiture de Larossi Abballa, où ont aussi été isolées des traces génétiques lui appartenant, et l'ordinateur des victimes. La semaine dernière, des experts étaient venus dire à l'audience que cette hypothèse était peu probable, sans pour autant l'exclure totalement.
Le ministère public souligne également la fragilité de l'alibi de l'accusé qui affirme s'être rendu dans une mosquée des Mureaux le soir du double assassinat. Or, aucun témoin, à l'exception de certains de ses frères, n'a été en mesure de le confirmer durant l'enquête ni à l'audience.
"Le profil idéologique d'un rigoriste assumé"
Ce mardi après-midi, les avocats de la défense Vincent Brengarth et Nino Arnaud plaideront l'acquittement pour leur client qui, tout au long de son procès, a clamé son innocence. Leurs plaidoiries devraient durer "environ quatre heures", a précisé Me Brengarth. Pour les avocats des parties civiles qui ont plaidé lundi, "il n'existe pas de doute raisonnable" qui permettrait à Mohamed Lamine Aberouz d'échapper à ses responsabilités.
"Il a le profil idéologique d'un rigoriste assumé", a notamment plaidé Thibault de Montbrial, avocat de la famille de Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, égorgée sous les yeux de son fils de trois ans.
Son compagnon, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, a été tué un peu plus tard par Abballa de neuf coups de couteau à l'abdomen alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui. Lors du procès, a rappelé Me de Montbrial, l'accusé a exprimé sa "haine de la France, de la laïcité, des valeurs de la République". Le verdict est attendu mercredi. Mohamed Lamine Aberouz encourt la réclusion criminelle à perpétuité.