Attaque contre des militaires à Nice en 2015: l'assaillant, un délinquant radicalisé, devant la justice ce lundi

Moussa Coulibaly est jugé à partir de lundi 9 décembre devant la cour d'assises spéciale de Paris. - TURKISH PRIME MINISTER'S OFFICE / AFP
Il avait exprimé sa haine de la France, des militaires et des juifs. Ce lundi comparaît devant la cour d’assises spéciale de Paris Moussa Coulibaly, 35 ans, accusé d’avoir attaqué au couteau trois militaires devant un centre communautaire juif à Nice, en février 2015. Jugé pour "association de malfaiteurs terroriste" et "tentatives d'assassinats terroristes", ce délinquant connu pour son "prosélytisme agressif" encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
"Il est déterminé, c’est certain"
En début d'après-midi ce 3 février 2015, les arcades de l’avenue Jean Médecin, à deux pas de la place Masséna, sont bondées lorsque Moussa Coulibaly se présente devant un bâtiment abritant le Consistoire israélite de Nice, la Radio Shalom et une association juive. Il fait tomber devant les militaires de l’opération Sentinelle en faction un sac contenant une bouteille d'eau afin de détourner leur intention, puis se saisit de l'un des deux couteaux dissimulé dans sa manche. L’assaillant porte alors un coup à un premier militaire, le blessant à la lèvre et à l'avant-bras, puis frappe au visage un deuxième, avant d’être maîtrisé par un troisième soldat.
Placé en garde à vue, il explique son acte par une haine des forces de l’ordre et de la communauté juive et affirme que les musulmans sont persécutés dans le monde. Me Caroline Laskar, l’avocate qui le représentait au début de la procédure avant d’être remerciée par ce dernier le décrit comme "une personne froide".
"On n'a pas eu le moindre sentiment de regret. Il est déterminé, c'est certain", indiquait-elle à BFMTV à l'époque.
Prêches radicaux en salle de sport
Face à eux, les policiers ont un individu déjà bien connu des autorités judiciaires. Originaire de Mantes-la-Jolie (Yvelines), où il vivait avec sa mère, Moussa Coulibaly - qui n'a pas de lien de parenté avec Amedy Coulibaly - a été condamné à plusieurs reprises pour des faits de droit commun commis à Mulhouse (Haut-Rhin), entre avril 2006 et novembre 2009: vol à l'étalage, violences, outrage à personnes dépositaires de la force publique, usage de stupéfiants…
Mais deux mois avant l’attaque, c’est avant tout ses liens avec l’islam radical qui inquiète les autorités. Ce sportif attire l’attention des services de renseignement en tenant des prêches intégristes dans une salle de sport des Yvelines où il a alors ses habitudes, et dont il vient justement de se faire expulser.
Refoulé en Turquie, il prétend faire du tourisme
Quelques jours avant l’attaque, il quitte la région parisienne pour rejoindre Nice, puis Ajaccio où il achète un aller simple en direction de la Turquie. Intrigué par son comportement, le guichetier de l'agence de voyage prévient la police qui avertit la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Signalé aux autorités turques par les services français, le trentenaire est refoulé dès son arrivée à l'aéroport Ataturk d'Istanbul, le 29 janvier puis renvoyé à Nice. Auditionné, il nie avoir tenté de rejoindre la zone irako-syrienne et prétend que son séjour avait seulement une motivation touristique.
"A l'occasion de ces auditions, aucun signe de passage à l'acte n'avait été détecté", avait alors expliqué le ministre de l'Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve.
Relâché, il s'installe dans un hôtel à proximité de la gare de Nice où il erre avec des marginaux, consomme beaucoup d'alcool.
Une faille dans la surveillance?
Toujours sous l'œil des services de renseignement, ces derniers jugent que ses déplacements n'indiquent pas une action violente à venir. Pourtant une heure avant l'attaque, il est filmé à trois reprises devant le centre communautaire par les caméras de surveillance municipales. Pour mieux repérer les lieux.
Y a-t-il donc eu une faiblesse dans l'analyse de son comportement par les enquêteurs? "La nature du suivi de la DGSI sera forcément évoquée lors des débats", confirme à BFMTV.com Maître Nicolas Gemsa, qui représente les trois militaires constitués partie civile au procès. Ces derniers sont a priori "retenus par leurs fonctions dans le cadre de missions impérieuses de défense nationale", mais l’un d’entre eux pourrait réussir à se libérer afin d’être présent à l'audience.
D'après l’Agence France-Presse (AFP), Moussa Coulibaly aurait évolué depuis quatre ans, acceptant au fur et à mesure de l'instruction de se soumettre à une expertise psychiatrique. Il a aussi affirmé regretté son acte. Me Gemsa indique que ses clients ont à cœur que la justice soit rendue "à la hauteur de la dangerosité de l’accusé". L'avocat souligne aussi l’importance de ne pas "minimiser" l'attaque, au motif qu’il n’y a, grâce au "professionnalisme" des militaires, pas eu de décès ou de victimes civiles.