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Attaque à la Préfecture: quels contrôles existent pour détecter la radicalisation au sein de la police?

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Alors que le parquet national antiterroriste s'est saisi de l'enquête sur l'attaque qui a fait quatre victimes jeudi, la question du contrôle des policiers soupçonnés de radicalisation se pose.

Avec la saisine du parquet national antiterroriste (PNAT) vendredi, l'enquête sur l'attaque à la préfecture de police de Paris, qui a fait quatre victimes, prend une autre tournure et la piste terroriste est désormais privilégiée. La particularité étant que l'assaillant était lui-même policier, adjoint administratif occupant le poste d'informaticien dans le service hautement sensible qu'est la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP).

Depuis la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, promulguée le 30 octobre 2017, la police est dotée de moyens supplémentaires pour "traquer" les personnalités radicalisées en son sein. Des agents sont suivis, y compris sur l'île de la Cité, au sein de la préfecture de police parisienne.

"Sur les 43.000 agents de la préfecture de police, il y en avait 15, c'était en mars 2019, qui étaient suivis pour radicalisation", affirmait vendredi sur BFMTV Éric Diard, député Les Républicains des Bouches-du-Rhône.

Une enquête poussée pouvant aller jusqu'à des filatures

Avec cette loi, une enquête administrative peut être menée sur un agent des forces de l'ordre au cours de sa carrière, avec pour objectif de s'assurer que son comportement n'est pas devenu incompatible avec les fonctions ou missions exercées.

Cette enquête, un criblage, est à la fois une enquête de personnalité et d'entourage avec un questionnaire auquel il faut répondre. Parfois, cela peut aller jusqu'à des filatures ou écoutes téléphoniques, en fonction du niveau de suspicion, précise Sarah-Lou Cohen, cheffe du service police-justice de BFMTV.

En cas d'incompatibilité avérée, l'individu peut être muté ou radié. Depuis l'entrée en vigueur de cette loi, c'est une commission paritaire qui traite ces signalements et qui, sur la base d'un rapport, décide de la mutation ou de la radiation.

La complexe identification les signes de radicalisation

Les nouvelles recrues de la police font également l'objet d'un contrôle. 7500 femmes et hommes grossiront les rangs de la police d'ici à 2022. Ils font l'objet d'une enquête menée par des agents du renseignement territorial ou de la préfecture de police de Paris.

Mais ces contrôles restent complexes, car les signes de radicalisation ne sont pas toujours identifiables. C'est la question majeure qui est soulevée par le cas de Mickaël Harpon: ses signes de radicalisation ont-ils été pris au sérieux?

Selon nos informations, plusieurs personnes auditionnées ont expliqué que l'adjoint administratif avait légitimé l'attentat contre Charlie Hebdo. Selon un autre de ses collègues, il refusait de serrer la main des femmes depuis trois semaines. Des auditions qui ont débouché sur la saisine du PNAT, qui donne une nouvelle couleur aux investigations.

Laszlo Gelabert avec Clarisse Martin