Antonio Ferrara: collaboration franco-belge, surveillance... Comment les policiers ont déjoué son projet de braquage

Un "projet d'attaque à main armée imminente" qui a permis à la police d'interpeller des "criminels chevronnés et déterminés". Les enquêteurs franco-belges ont déjoué le braquage d'un centre-fort en Allemagne et ont pu interpeller jeudi 27 février les suspects, dont le braqueur multirécidiviste français Antonio Ferrara, "avant qu'ils ne passent à l'acte", a indiqué ce vendredi 28 février Julien Moinil, le procureur du Roi de Bruxelles.
Ce dernier évoque "une action coordonnée" des forces de police belges et françaises, ayant permis ces interpellations et la découverte d'un impressionnant arsenal de guerre.
Neuf personnes, dont Antonio Ferrara, 51 ans, ont été interpellées à Eupen, dans la province de Liège, à proximité de la frontière allemande.
Trois autres personnes ont été arrêtées ailleurs en Belgique, le parquet du procureur du Roi de Bruxelles expliquant qu'elles avaient eu lieu dans la capitale du plat pays grâce au travail de la police judiciaire fédérale et des unités spéciales belges.
Enquête franco-belge
Au fil des semaines, l'enquête menée par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris, avait mis en évidence un projet d'"attaque d'un centre-fort à Bochum en Allemagne", a-t-il poursuivi. Dans ce bâtiment, très sécurisé, sont entreposés des billets de banque.
En découvrant que les suspects sous surveillance s'organisaient de part et d'autre de la frontière franco-belge, une équipe commune d'enquête franco-belge avait été créée.
"Depuis quelques jours, les préparatifs de l'attaque semblaient s'intensifier et tout portait à croire que l'attaque était imminente", a ajouté Julien Moinil, lors d'une conférence de presse avec la procureure de Paris, Laure Beccuau.
"Le projet a pu être déjoué"
Le braquage était prévu dans la nuit de mercredi à jeudi 27 février. "Les suspects semblaient rassembler matériel, véhicules et armes nécessaires à l'attaque", puis montaient à bord de quatre véhicules de luxe et une camionnette, selon Julien Moinil.
Mais un important dispositif de police a dissuadé Antonio Ferrara et ses complices de passer à l'acte: 80 membres de la police judiciaire fédérale belge et 70 membres des unités spéciales belges ont été mobilisés par les autorités allemandes.
Résultat, "les malfaiteurs ont, semble-t-il, décidé de reporter l'attaque" et "se sont repliés dans une maison louée à Eupen, en région germanophone, en Belgique." "Le projet a pu être déjoué", s'est félicité le procureur du Roi. Les braqueurs ont été interpellés "vers 7h30", ajoute le parquet de Paris.
"Plusieurs de ces suspects ont des antécédents judiciaires en Belgique et/ou en France", complète le parquet belge avant d'assurer que "plusieurs perquisitions ont été menées en France et en Belgique."
Ferrara sous surveillance
Depuis mai 2024, les policiers français de la BRI observaient discrètement les faits et gestes de celui que l'on surnomme "le Roi de la belle" depuis ses deux évasions de prison - il avait été libéré en 2022 après avoir purgé sa peine à Réau, en Seine-et-Marne.
Cette surveillance, ainsi que la coopération entre les services de police européens, ont permis d'éviter un nouveau braquage. Une opération saluée sur X par Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, qui remercie "les autorités belges pour leur coopération exemplaire."
Après leur interpellation, les suspects sont en cours d'audition par le juge d'instruction belge, détaille le parquet du procureur du Roi de Bruxelles. L'enquête a été confiée à l'office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO).