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Police-Justice

Amandine morte de faim à 13 ans: son ancienne surveillante explique que "trois signalements" ont été faits

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Lola, une surveillante de l'internat de Sigean (Aude) remet en cause les propos de la mère de la victime, qui a assuré que sa fille souffrait de troubles alimentaires. Elle pointe également des dysfonctionnements, alors que trois signalements avaient été faits.

Des souvenirs glaçants. Au quatrième jour du procès de Sandrine P. et de Jean-Marie C., jugés pour avoir laissé mourir de faim Amandine, une adolescente de 13 ans en 2020, une surveillante de l'internat de Sigean (Aude) que fréquentait la victime, a été appelée à s'exprimer devant les Assises de l'Hérault.

Elle s'est rappelée de la soirée du lundi 16 mars 2020, lorsque le président Emmanuel Macron annonce le confinement du pays dès le lendemain, face à la pandémie de Covid.

"Je ne vais pas m'en sortir"

"Le soir où le président a annoncé que le collège allait fermer, les garçons ont sauté de joie, c'était les vacances. Amandine, elle, s'est effondrée au sol. Elle m'a dit: 'Lola, je vais mourir. Combien de temps ça va durer? Je ne vais pas tenir'".

"Elle le répétait en boucle, elle pleurait, elle n'arrivait plus à respirer", rapporte, visiblement très émue, la jeune femme de 28 ans.

Une photo d'Amandine fournie par son père.
Une photo d'Amandine fournie par son père. © BFMTV

Et cette dernière de reprendre, au micro de BFMTV: "Je me suis accroupie à côté d’elle, je lui ai demandé ce que je pouvais faire pour l'aider. Elle m'a dit: 'Je ne vais pas m'en sortir, ne m'abandonne pas', c'était épouvantable."

"Jamais on a su les problèmes de sous-alimentation"

Lola explique la raison pour laquelle elle a décidé d'accepter de témoigner dans cette affaire. "J'ai vu le témoignage de la maman où elle disait qu'Amandine avait des problèmes alimentaires, qu'elle a toujours eu du mal à manger, c'est faux", souligne-t-elle.

"Là j’ai dit: 'Non, il faut que je parle.' Je suis sûrement l'une des dernières personnes adultes à qui elle a parlé au collège", ajoute Lola.

Selon cette dernière, les rapports compliqués qu'entretenait l'adolescente avec sa mère étaient déjà connus. "On savait que c'était conflictuel avec la maman, que tous les vendredis elle ne voulait pas rentrer chez elle. On savait que c'était compliqué pour elle, mais jamais on a su les problèmes de sous-alimentation."

"Mais on se doutait qu'elle était frappée, parce que je les réveille box par box, doucement le matin, et une fois je l’ai touchée et elle a eu mal. Je l'ai signalé, elle a été à l'infirmerie, elle avait des marques, on a fait trois signalements, mais je ne connais pas les suites," ajoute Lola.

La surveillante se dit en colère car selon elle, la situation aurait pu être évitée. "Quand j'ai demandé (des nouvelles, NDLR), on m'a dit: 'en tant que surveillante tu n'as pas à savoir.' Je suis très en colère car je trouve que ce que j'ai dit aurait de l'être pris au sérieux", termine-t-elle.

Perpétuité?

Le lendemain de l'annonce du confinement, Lola rentre donc chez elle. Mais elle ne reprend pas les cours en mai, à la levée d'un isolement contraint de deux mois. La plupart du temps enfermée dans un débarras, privée de nourriture, rouée de coups par sa mère, la collégienne mourra moins de trois mois plus tard.

Le 6 août 2020, jour de sa mort causée par un arrêt cardiaque et d'une septicémie au domicile familial de Montblanc, près de Béziers, la collégienne ne pèse plus que 28 kg pour 1,55 m.

Jugée pour "actes de torture ou de barbarie", notamment de l'avoir affamée volontairement, des faits qu'elle a reconnus pour la première fois mardi en fin de journée, sa mère encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Son compagnon de l'époque risque lui jusqu'à 30 ans de réclusion pour avoir "privé de soins ou d'aliments" sa belle-fille et n'avoir rien fait pour la sauver.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV