BFMTV
Police-Justice

Albi: une buraliste accusée de discrimination après avoir demandé à une cliente de retirer son voile

Le tabac en question, situé à l'est de la ville

Le tabac en question, situé à l'est de la ville - Google Street View

La commerçante serait déjà sous le coup de deux plaintes similaires.

Une buraliste d'Albi (Tarn) est sous le coup d'une plainte pour discrimination religieuse après avoir demandé à une jeune cliente de confession musulmane de retirer son voile pour prouver son identité. 

La scène, narrée par la jeune femme de 29 ans sur Facebookse déroule vendredi 13 avril. Ce jour-là, elle pousse la porte du tabac-presse pour récupérer un colis. Pour pouvoir retirer son paquet, elle tend à la vendeuse sa carte d'identité, gage qu'elle est bien la destinataire du colis. 

Mais là, la commerçante lui demande d'ôter son voile, qui n'obstrue pourtant pas son visage, évoquant à l'appui les "consignes" affichées à l'entrée de son magasin. S'appuyant sur la circulaire du 2 mars 2011 - qui interdit de dissimuler son visage, et non ses seuls cheveux, dans l'espace public, et non dans un espace privé comme un tabac - le panneau en question prohibe "pour des raisons de sécurité (...) le port d'un casque ou d'une capuche, ainsi que toute tenue pouvant dissimuler l'identité".

La jeune femme assure avoir proposé à la commerçante de se mettre dans un endroit moins exposé pour retirer son voile devant elle, mais cette dernière aurait refusé.

La cliente a finalement pu récupérer son colis en donnant procuration à un client du tabac mais elle a tout de même décidé de porter plainte. 

Déjà deux plaintes similaires

Alertée, la société Pickup, qui gère la livraison des colis en relais, s'est fendue d'un tweet dans lequel elle explique ne pas cautionner ce genre de comportements. "Nous demandons aux relais de vérifier la cohérence entre le nom du destinataire, la pièce d’identité présentée et la personne qui se présente pour retirer un colis. Bien évidemment, un voile ou un turban ne fait pas obstacle à ce contrôle", précise le transporteur.

Pickup assure par ailleurs avoir déjà demandé à ce relais de ne pas avoir ce genre d'exigences vis à vis de ses clients.

La buraliste albigeoise serait en effet coutumière du fait. Cité par Buzzfeed, l'avocat du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui s'est constitué partie civile, assure que l'établissement est déjà sous le coup de deux plaintes pour des faits similaires remontant à 2016 et 2017. Pour ces deux affaires, la buraliste comparaîtra devant le tribunal correctionnel de la ville en mai. 

Interrogée par France 3, la commerçante confie être très affectée par l'affaire. Elle assume en revanche ses faits et gestes et assure "n'avoir jamais pratiqué de discrimination".

Claire Rodineau