Agression d'Yvan Colonna: le Parquet national antiterroriste annonce l'ouverture d'une information judiciaire

La garde à vue de l'agresseur d'Yvan Colonna a été levée ce dimanche et une information judiciaire va être ouverte pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste", a annoncé le procureur national antiterroriste lors d'une conférence de presse.
Le Parquet national antiterroriste va requérir sa mise en examen pour ces chefs et son placement en détention provisoire, a indiqué Jean-François Ricard, qui a souligné qu'il s'agissait du "cinquième" crime terroriste commis dans un établissement pénitentiaire en France depuis 2016.
Condamné à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, l'ancien berger corse est toujours dans le coma, hospitalisé à Marseille. Son pronostic vital est encore engagé.
Son agresseur, un islamiste radical arrêté en Afghanistan
Son agresseur, Franck Elong Abe, un islamiste radical arrêté en Afghanistan et incarcéré depuis 2019 à Arles, s'était déjà montré violent pendant sa détention, notamment envers un médecin. Le procureur indique qu'il s’était également réjoui d’actes terroristes, à l'image de l’assassinat de Samuel Paty.
Lors de sa garde à vue, il a expliqué avoir échangé avec la victime lundi dans un local cuisine de la prison d'Arles. À ce moment-là, Yvan Colonna lui aurait dit "Je crache sur Dieu". "Je ne pouvais pas laisser passer ça", a ensuite expliqué le détenu, face aux policiers, alors que les deux prisonniers entretenaient de bons rapports auparavant.
Les codétenus finissent par se croiser de nouveau, deux jours plus tard, dans la salle de musculation de la prison où Franck Elong Abe a été affecté pour faire le ménage. C'est à ce moment-là qu'il se jette sur Yvan Colonna, qui faisait des exercices au sol, pour le rouer de coups et l'étrangler pendant plus de huit minutes.
Au retour du surveillant, il tente de faire croire que son codétenu a fait un malaise. Il fait semblant d'aider ceux qui prennent en charge Yvan Colonna, alors en arrêt cardio-respiratoire. Ce sont les caméras de surveillance qui révéleront ce qu'il s'est réellement passé.
Pour le procureur, cette agression "ne laisse aucun doute sur l'intention d'homicide".
Des manifestations en Corse
Suite à l'agression, la famille d'Yvan Colonna a pointé du doigt la responsabilité de l'Etat, jugeant qu'il "devrait rendre des comptes". Une inspection a été déclenchée dans ce sens par le ministère de la Justice, afin d'examiner si d'éventuels dysfonctionnements ont pu exister au niveau du suivi du détenu.
En Corse, la colère ne faiblit pas. Dès 14 heures 30, une manifestation doit prendre place à Corte ce dimanche. Les organisateurs attendent environ 4000 personnes. Ils demandent notamment le rapprochement des prisonniers corses incarcérés sur le continent, requête qui n'a jamais abouti concernant Yvan Colonna, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi.