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Police-Justice

Affrontements en marge du défilé du 14-Juillet: y'a-t-il eu défaillance dans le dispositif de sécurité?

Des tensions sur les Champs-Elysées.

Des tensions sur les Champs-Elysées. - Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

Malgré les plus de 5000 policiers et gendarmes mobilisés pour sécuriser le défilé des Champs-Elysées, des manifestants ont réussi à s'infiltrer et à déstabiliser les forces de l'ordre.

Les autorités ont-elles sous-estimé les risques d'affrontements en marge du défilé militaire de ce 14 juillet 2019? Pour la première fois depuis le 16 mars, des manifestants se revendiquant du mouvement des gilets jaunes ont instauré un face-à-face avec les forces de l'ordre sur l'avenue des Champs-Elysées. 

Si les fauteurs de troubles ont pu être dispersés au bout de quelques heures, plusieurs personnalités politiques et observateurs ont mis en question la solidité du dispositif mis en place en amont des festivités. Et ce malgré la mobilisation de 5100 policiers et gendarmes pour sécuriser la capitale à l'occasion de la fête nationale, nuit comprise. 

Des échauffourées dès 14h30

Dès la descente d'Emmanuel Macron en command-car, des sifflets lui ont été adressés depuis la foule. Une fois le défilé terminé, vers 14h30, des échauffourées ont éclaté entre plusieurs dizaines de manifestants et les forces de l'ordre. Trois figures emblématiques des gilets jaunes, Eric Drouet, Maxime Nicolle et Jérôme Rodriguez, étaient présentes et ont été interpellées avant d'être relâchées.

Il y avait pourtant eu des signes avant-coureurs. La veille, des messages étaient relayés via les réseaux sociaux appelant à manifester en marge du défilé militaire. 

Les politiques n'ont pas tardé à réagir. Sur Twitter, Marine Le Pen s'est demandé comment il était possible "que des (black blocs) et des voyous d'extrême gauche arrivent à tout saccager le jour de notre fête nationale". 

"Pourquoi cette incompétence chronique d’un ministre de l’Intérieur en dessous de tout et incapable d’assumer la moindre responsabilité?", s'est par ailleurs demandée la présidente du Rassemblement national.

Des gilets jaunes sans matériel

Comme ont pu l'expliquer plusieurs experts sur notre plateau, la principale difficulté réside dans le fait que la plupart des manifestants qui ont sévi ce dimanche sur les Champs-Elysées ne portaient pas, sur leur personne, de matériel considéré comme dangereux. Guillaume Farde, consultant sécurité pour BFMTV, estime qu'il était difficile pour les forces de l'ordre de réagir immédiatement: 

"Au moment où les faits se produisent, ce sont quelques manifestants qui arrivent, sans gilets jaunes, (...) et qui n'ont pas de matériel, (...) qui s'emparent du mobilier urbain et qui commencent à entraver la circulation. Ils sont rapidement rejoints par d'autres individus, (...) qui sont des casseurs, qui (...) ont commencé à dégrader certaines vitrines, et surtout ont eu recours à l'incendie volontaire. (...) Ce sont des images et ça permet de 'signer' sa présence sur l'avenue des Champs-Elysées." 

Face à cette montée de tension, la préfecture de police de Paris a envoyé sur place des CRS et des gendarmes mobiles qui se trouvaient dans les environs. Il leur a donc fallu quelques heures pour venir à bout des quelques centaines de manifestants recensés. Fait nouveau, toutefois: la préfecture de police a davantage communiqué au sujet de l'action de maintien de l'ordre qu'elle a été contrainte de mener. 

"L'essentiel est sauf"

En a témoigné l'intervention médiatique du préfet de police Didier Lallement qui, sur les coups de 18 heures, a rendu compte des "incidents" qui venaient d'avoir lieu. 

"Dès lors que le défilé s'est terminé et que le dispositif s'est replié, 200 casseurs se sont dirigés sur les Champs. Nous les avons (...) repoussés", a-t-il assuré, avant de déclarer que l'ordre avait été "rétabli". "L'essentiel est sauf", selon le préfet. 

Interrogé sur les risques de désordre, sur la même avenue, à la suite du match Algérie-Nigeria ce dimanche soir dans le cadre de la Coupe d'Afrique des Nations, Didier Lallement a voulu se montrer rassurant:

"Nous sommes prêts et nous serons suffisamment nombreux pour y faire face. (...) Nous serons tout à fait dynamiques dans notre réaction, (...) ceux qui pensent pouvoir casser, ceux qui pensent pouvoir détruire se heurteront à un dispositif policier et de gendarmerie nationale conséquent." 

Le préfet de police a par ailleurs prévenu qu'il mettrait "à la disposition de la justice, sans hésitation" les fauteurs de troubles "dès lors qu'ils commettront des délits".

Jules Pecnard