Affaire Sophie Le Tan: une reconstitution organisée dans l'ancien appartement du suspect

Des policiers bloquent la rue où se déroule la reconstitution du meurtre de Sophie Le Tan, à Schiltigheim, banlieue de Strasbourg, dans l'est de la France, le 16 février 2021. - Frederick Florin - AFP
Une reconstitution est organisée ce mardi dans l'ancien appartement de Jean-Marc Reiser à Schiltigheim (Bas-Rhin), près d'un mois après ses aveux dans l'affaire Sophie Le Tan, cette jeune étudiante strasbourgeoise tuée en 2018, a appris l'AFP auprès des avocats.
"Le magistrat instructeur aimerait vérifier si les déclarations de Monsieur Reiser sont compatibles avec les constatations que pourront faire le médecin légiste et le morpho-analyste", a indiqué Me Francis Metzger, avocat de Jean-Marc Reiser, confirmant une information des Dernières Nouvelles d'Alsace.
"Nous, on a hâte que le procès ait lieu pour que la famille puisse commencer son travail de deuil", a déclaré Gérard Welzer, l'avocat de la famille Le Tan. Cette reconstitution "ne changera rien", a-t-il estimé, face à l'ensemble des preuves déjà recueillies au cours de l'enquête.
De la séduction à la violence
La reconstitution devait débuter à 09h00. Sur place, plusieurs dizaines de policiers et des fourgons de CRS étaient mobilisés pour bloquer l'accès à la rue de l'immeuble de Jean-Marc Reiser, où un fourgon de l'administration pénitentiaire était présent, selon des journalistes de l'AFP sur place. Une bâche blanche a camouflé momentanément l'entrée de l'immeuble, devant laquelle se tenaient des policiers.
Après avoir nié toute implication pendant des mois, l'homme de 60 ans, mis en examen pour enlèvement, séquestration et assassinat, avait avoué le 19 janvier dernier, lors d'une audition devant la juge d'instruction, son "implication exclusive" dans la disparition de l'étudiante.
Il avait décrit une "entreprise de séduction" qui a "mal tourné", selon les propos de Me Pierre Giuriato, autre avocat de Jean-Marc Reiser. Alors que la jeune femme de 20 ans avait "repoussé" ses avances, il était "entré dans une phase de frustration, de colère, de rage", qui s'était "matérialisée par des coups violents". Selon Me Giuriato, les aveux de son client s'inscrivent dans des "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", des faits moins sévèrement réprimés pénalement qu'un assassinat, qui implique la préméditation.
Le corps découvert dans une forêt vosgienne
Jean-Marc Reiser avait été arrêté en septembre 2018, quelques jours après la disparition de Sophie Le Tan, le jour de son 20e anniversaire. Celle-ci n'avait plus donné signe de vie après s'être rendue à Schiltigheim, au nord de Strasbourg, pour visiter un appartement. Jean-Marc Reiser, qui avait posté l'annonce immobilière, est rapidement devenu l'unique suspect.
Le squelette incomplet de la jeune femme avait été découvert plus d'un an plus tard, fin octobre 2019, dans une forêt vosgienne, à Rosheim (Bas-Rhin), une zone où Jean-Marc Reiser se rendait régulièrement.
Malgré les dénégations du sexagénaire, plusieurs éléments de preuves semblaient établir son implication, notamment la présence du sang de Sophie Le Tan dans son appartement ainsi que sur le manche d'une scie lui appartenant.