Affaire Mia: le parquet de Nancy se dessaisit au profit du pôle antiterroriste de Paris

Le procureur de la République d'Epinal Nicolas Heitz tient un portrait de Mia, une fillette de 8 ans enlevée dans les Vosges, le 13 avril 2021 par plusieurs hommes. - SEBASTIEN BOZON © 2019 AFP
Le parquet de Nancy a annoncé ce jeudi que la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) se dessaisissait de l'affaire Mia au profit du pôle antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris, "en concertation avec le parquet national antiterroriste".
"Il est en effet apparu (...) que ces agissements faisaient partie intégrante du plan d'actions violentes du groupuscule d'ultra droite baptisé DW Renversement visant l'État et ses représentations", précise le procureur de la République, François Pérain, dans un communiqué.
La petite Mia, huit ans à l'époque, résidait chez sa grand-mère dans les Vosges quand elle avait été enlevée le 13 avril 2021 par plusieurs hommes à la demande de sa mère qui n'en n'avait plus la garde et n'avait plus le droit de la voir seule.
11 personnes mises en examen au total
La mère et la fillette avaient été retrouvées saines et sauves cinq jours plus tard dans un squat en Suisse. Sa mère, Lola Montemaggi, 28 ans, avait été interpellée et mise en examen pour "enlèvement de mineur de 15 ans en bande organisée" et "soustraction de mineur par ascendant hors du territoire de la République".
Soupçonné d'avoir organisé à distance l'enlèvement de la fillette, Rémy Daillet, figure des milieux complotistes, avait ensuite été inculpé et écroué mi-juin notamment pour complicité d'enlèvement d'un mineur de 15 ans en bande organisée et association de malfaiteur en vue de commettre le crime d'enlèvement de mineur de quinze ans en bande organisée. Au total, onze personnes ont été mises en examen dans cette affaire.
"Une Justice prédictive ou divinatoire" juge l'avocat de Daillet
L'avocat de Rémy Daillet a dénoncé la saisie du pôle antiterroriste. "L’affaire Mia, qui nait de la détresse et de la volonté d’une maman de récupérer sa fille, ne peut donc ni en droit ni en fait être qualifiée de dossier terroriste", écrit-il dans un communiqué.
"Justice d’exception pour assurer la sécurité des citoyens, la Justice antiterroriste est aussi trop souvent une Justice prédictive ou divinatoire pour laquelle la fin justifie les moyens et où l’arbitraire rôde en raison du caractère protéiforme et de l’absence de contours d’infractions qui visent bien souvent à lutter contre une menace réelle ou supposée", a poursuivi Me Jean-Christophe Basson-Larbi
Rémy Daillet, aujourd'hui âgé de 55 ans, a aussi été mis en examen le 22 octobre pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle": il est soupçonné d'être "le cerveau" d'un groupe d'ultra-droite projetant des actions violentes et un "coup d'Etat" contre le gouvernement.