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Police-Justice

Affaire Jubillar: de nouvelles expertises attendues sur la couette et la housse retrouvées chez le suspect

Un portrait de Delphine Jubillar au milieu des fleurs et des bougies devant sa maison, le 24 janvier 2022 à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn

Un portrait de Delphine Jubillar au milieu des fleurs et des bougies devant sa maison, le 24 janvier 2022 à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn - FRED SCHEIBER © 2019 AFP

Soupçonné d'avoir tué sa femme dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Cédric Jubillar est mis en examen depuis le 18 juin dernier. L'enquête se poursuit tandis que l'homme continue d'assurer de son innocence. La justice vient d'ordonner de nouvelles expertises génétiques sur une couette et une housse retrouvées à son domicile et porteuses de traces suspectes.

L'énigme dure déjà depuis plus d'un an. Delphine Jubillar a disparu de son domicile de Cagnac-les-Mines dans le Tarn, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Son mari, Cédric Jubillar, a été mis en examen et placé en détention provisoire pour son meurtre le 18 juin suivant. Il affirme être innocent des faits qui lui sont reprochés.

Et l'enquête entre ces jours-ci dans une nouvelle phase. Selon des éléments recueillis par BFMTV auprès de sources concordantes ce vendredi, la justice a demandé une batterie de nouveaux actes, au premier rang desquels une seconde expertise génétique autour de la couette et la housse de couette aperçues par les enquêteurs porteuses de traces suspectes au domicile des Jubillar au cours des premières heures succédant au drame. La justice a également ordonné de nouvelles recherches par drone, et l'étude d'une paire de lunettes brisée.

Nouvelles expertises génétiques

C'est sans doute là le point cardinal de cette nouvelle offensive de l'enquête dans le dossier Jubillar. Le juge d'instruction a requis de nouvelles analyses de la couette et de la housse de couette découvertes au domicile du couple dès les premières constations. Les premières expertises n'avaient pas établi la présence de sang humain.

Il faut noter d'ailleurs que ces textiles, certes entachés, avaient été découverts lavés, ce qui a remis en cause la fiabilité de ces analyses initiales. La couette, aperçue sur le canapé par les enquêteurs dès les premières heures suivant la disparition de Delphine Jubillar, avait finalement été saisie le 17 décembre et cette fois dans le lave-linge. Cédric Jubillar a expliqué cette lessive par le fait que ses chiens avaient pu salir le tissu. Un élément qui interroge visiblement les gendarmes, notamment de par sa temporalité.

Paire de lunettes endommagée

Les branches des lunettes de Delphine Jubillar vont également être étudiées. Un expert a d'ailleurs été nommé. Des photos de ces lunettes, dont l'une des branches est cassée, vont pouvoir être exploitées. Il s'agit de lunettes de type Afflelou avec des branches amovibles.

Dans son audition devant les juges d'instruction, Cédric Jubillar a soutenu que ces lunettes etaient dejà cassées avant la mort de la victime. Il a ajouté qu'elles se trouvaient dans un endroit où sa petite fille avait l'habitude de jouer et qu'elle avait pu les casser davantage. Il a egalement suggéré que l'un des enquêteurs avait pu les faire tomber en déplaçant le canapé durant une perquisition.

Une voiture blanche au centre des investigations

Dans un autre volet du dossier, il s'agit pour les enquêteurs de se faire une idée des déclarations d'un ex-codétenu de Cédric Jubillar. Lors d'une audition, ce détenu avait ainsi affirmé que Cédric Jubillar lui avait confié avoir utilisé une voiture blanche pour transporter le corps de Delphine.

En cherchant dans l'entourage du couple, les gendarmes ont retrouvé un véhicule de ce type auprès d'une connaissance des Jubillar, habitant à 2,7 km de chez eux. La voiture a été perquisitionnée et plusieurs traces ont ete révélées au Bluestar - un procédé réagissant à la présence de sang. L'ensemble a été envoyé en analyse et les premiers résultats indiquent qu'il pourrait s'agir de sang animal.

Seulement, la fiabilité du procédé employé initialement n'est pas jugé satisfaisante. Les prélèvements ont en conséquence été envoyés dans un autre laboratoire plus spécialisé. Les nouveaux résultats ne sont pas encore connus à cette heure.

Des recherches par drone de grande ampleur

Les gendarmes de l'IRCGN se déploieront à Cagnac-les-Mines lundi. Pas question de reprendre des fouilles cette fois, mais de mener des recherches par la voie des airs.

Leur mission est la suivante: à l'aide de drones ils vont chercher le ou les lieux où le sol a possiblement été remué. L'utilisation de drones n'est pas nouvelle dans l'affaire mais il s'agira cette fois d'expérimenter un nouveau procédé d'analyse, plus développé et plus performant. Les recherches devraient durer plusieurs jours - sans doute deux ou trois seront-ils nécessaires.

Elles porteront sur le terrain s'étendant autour de la maison, sur une zone circulaire d'une vingtaine d'hectares, vers une centrale photovoltaïque, ou encore aux alentours d'une ferme. La nature accidentée du terrain et sa superficie risquent cependant de compliquer le labeur des enquêteurs. Les recherches précédentes n'avaient rien donné. Sur place, ls enquêteurs n'avaient trouvé que des squelettes d'animaux.

Ces survols pourraient toutefois avoir une dernière vertu: ils seront également l'occasion de réaliser des images 3D disponibles en temps utile pour un éventuel procès.

Une nouvelle audience est en tout cas prévue mardi devant la chambre de l'instruction. Elle pourrait - comme les précédentes - se passer à huis clos. Contrairement à la dernière fois, Cédric Jubillar sera en revanche extrait de sa cellule.

Mélanie Vecchio avec R.V.