Aéroports parisiens: nouvelle "grève du zèle" des policiers

Les agents de la police aux frontières dans les aéroports d'Orly et de Roissy passeront beaucoup plus de temps à contrôler les passeports et bagages des voyageurs ce vendredi. Cette opération, qui devrait entraîner d'importants ralentissements, intervient dans le cadre d'un mouvement de grogne visant à défendre des avantages sociaux.

A la veille du début des vacances scolaires des petits Franciliens, l'opération risque de créer une nouvelle pagaille dans les aéroports parisiens. Les policiers reconduisent leur mouvement de "grève du zèle" à Roissy et Orly pour protester contre la suppression de certains de leurs avantages sociaux. Un rassemblement sera également organisé entre 11 heures et 14 heures, à l'appel du syndicat SGP Police-FO, pour expliquer leur revendications. 

Dans les faits, cette "grève du zèle" des agents de la police aux frontières (PAF) se caractérise par "des contrôles plus pointilleux des passeports", commente pour BFMTV.com Luc Poignant, porte-parole de SGP Police-FO. Seront concernés, à Roissy, l'accès aux départs internationaux de la porte 8 au niveau de l'aérogare 2E, et à Orly, le terminal des vols internationaux.

"Déroulement de carrière plus rapide"

Un mouvement de protestation que les policiers avaient déjà organisé les 5 et 12 février derniers et qui avait entraîné des attentes de près de deux heures aux douanes. Normalement soutenu par le syndicat Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, ce dernier a fait savoir jeudi dans un communiqué qu'il suspendait sa participation.

Au coeur de cette grogne, qui concerne l'ensemble des forces de police en Ile-de-France, la suppression de l'ASA, l'avantage spécifique d'ancienneté. Crée en 1995, ce système permet de cumuler des points pour être muter. "Cela permet un déroulement de carrière plus rapide", confirme Luc Poignant. Il était jusqu'alors réservé aux agents opérants en Ile-de-France dans des "zones spécifiques et dangereuses". 

La BRI privée d'avantages

Mais depuis 2011, des policiers de province ont déposé des recours devant le Conseil d'Etat pour réclamer cet avantage. Et ont obtenu gain de cause. Face à cette décision des Sages, le gouvernement a décidé d'élargir l'ASA à la France entière mais, en contre-partie, il est désormais accordé aux fonctionnaires de police rattachés à un commissariat. "Imaginez la BRI (la Brigade de Recherche et d'Investigation, NDLR) est exclu de l'ASA, tout comme les BAC locales", déplore le porte-parole de SGP Police-FO.

La mobilisation des policiers des week-ends précédents a, selon Alliance, "payé". Reçu, comme les autres syndicats au ministère de l'Intérieur le 15 février, il a décidé de suspendre vendredi sa "grève du zèle", estimant que la "mise en place d'un nouveau système compensatoire" répondait à ses exigences. Pour Luc Poignant, rien n'a été pourtant résolu lors de cette rencontre place Beauvau et il estime que la "volonté politique" ne va pas dans le bon sens.

Le malaise est bien plus profond après une mobilisation totale des forces de l'ordre depuis plusieurs mois avec les attentats contre Charlie Hebdo puis du 13 novembre, et à la veille de l'Euro 2016 où, une nouvelle fois, les policiers seront largement sollicités.

"On a l'impression de ne plus être reconnu du tout, déplore le syndicaliste. Ce problème catégoriel de l'ASA touche le moral des troupes, et logiquement ça joue sur la sécurité des citoyens, c'est mathématique..."

Justine Chevalier