A Marseille, il tente de s'évader en sonnant à la porte des Baumettes

Des familles de détenus réunies devant la prison de Manaus, le 2 janvier 2016. - Marcio SILVA - AFP
"Vous avez joué au poker et ça a failli marcher", lance le président Laurent Sebag. Lundi, une audience surprenante se tenait au tribunal correctionnel de Marseille.
Là, sur le banc des accusés, Laurent Choukroun, 43 ans, attendait son jugement pour "évasion par ruse". Libérable en avril 2020, il a tenté de fuir la prison des Baumettes… en passant par l’entrée principale.
"Je me disais: ce n'est pas possible"
Sous prétexte d’une douleur au genoux, le détenu demande à se rendre à l’infirmerie.
"Je ne sais pas ce qui m'a pris", a-t-il raconté au tribunal. "J'ai suivi un infirmier qui a pris le chemin de la sortie. Je n'avais pas l'intention de m'évader. Mais une fois dans la cour d'honneur, j'ai pensé à ma fille. J'ai vu le panneau sortie, j'ai sonné, on m'a ouvert. Je me disais: ce n'est pas possible."
Pourtant, une à une les portes des Baumettes s’ouvrent. Et une à une, il va les franchir. Jusqu'à déboucher dans la cour d'honneur. Il ne lui reste plus qu'un sas à franchir. "Qui êtes-vous ?, lui demande le surveillant. Je suis policier. Mon arme est dans la voiture." "Je suis en mission secrète", croit-il bon d'ajouter. Il n'a pas badgé à l'entrée. Le soupçon s’empare du surveillant. C’en est fini pour sa tentative d’évasion.
Plusieurs dysfonctionnements
Dans un rapport évoqué à l'audience, la direction des Baumettes évoque plusieurs dysfonctionnements: un déplacement sans bulletin de circulation, une ouverture de grilles sans badger et un défaut de contrôle au dernier portique de sécurité avant le sas de sortie, où quatre personnes étaient en train de discuter lorsque le détenu est passé.
Le procureur Max Gazan qui avait requis un an de prison n'a pas cru à cette "version romanesque", estimant que cette tentative d'évasion par ruse "tourne en dérision et porte atteinte au crédit de toute une institution". Laurent Choukroun a écopé de trois mois supplémentaires. Pour éviter toute nouvelle "ballade", il a été placé en isolement.
