A l'ouverture de son procès, Barbarin assure n'avoir jamais caché "ces faits horribles"

L'archevêque de Lyon Philippe Barbarin, le 7 janvier 2019 lors de son arrivée au tribunal correctionnel de Lyon. - Jeff Pachoud - AFP
"Je n'ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles", a déclaré le cardinal Philippe Barbarin ce lundi devant le tribunal correctionnel de Lyon, où il est jugé avec cinq autres personnes pour "non-dénonciation d'agressions sexuelles".
Depuis que l'affaire a éclaté il y a trois ans, l'archevêque de Lyon avait déjà nié les faits qui lui sont reprochés, en reconnaissant des erreurs d'appréciation et en demandant pardon aux victimes des prêtres pédophiles.
En mars 2016 notamment à Lourdes, ses propos avaient fait polémique: "Y a-t-il prescription ou pas ? Prescription juridique peut-être, le droit va le dire. La majorité des faits grâce à Dieu sont prescrits, et certains peut-être pas", avait-il déclaré. Son entourage avait précisé à l'époque que le terme "grâce à Dieu" signifiait qu'il était soulagé que ces faits ne se soient jamais reproduits.
"Je n'ai pas toujours su employer les mots les meilleurs et les plus adroits dans le passé", a reconnu l'archevêque de Lyon dans une déclaration lue à la barre lundi, peu avant de répondre aux questions du tribunal au premier jour du procès.
Un accusé maintenu au contact d'enfants jusqu'en 2015
Plus de trois ans après la révélation de ce retentissant scandale de pédophilie au sein de l'Église catholique lyonnaise, le cardinal de 68 ans et ses cinq co-prévenus sont jugés jusqu'à mercredi pour ne pas avoir dénoncé à la justice les abus présumés commis sur de jeunes scouts, entre 1986 et 1991, par le père Bernard Preynat, dont le procès pourrait avoir lieu cette année.
Philippe Barbarin avait eu connaissance d'anciens faits d'agressions sexuelles durant les années 2000, ce qui l'avait conduit à rencontrer le père Preynat en 2010. Le prêtre lui avait juré n'avoir jamais recommencé depuis.
"Tout le monde me reproche de l'avoir cru", a déclaré le cardinal à la barre. "De fait, on n'a pas trouvé de fait incriminable après", a ajouté celui qui est aussi poursuivi pour "omission de porter secours".
"Je ne sais plus à quel moment j'ai entendu parler des rumeurs de pedophilie. C'était flou. Mais dès qu'une victime vient se confier à moi en 2014, j'écris à Rome", a-t-il assuré ce lundi. Interrogé sur son absence de signalement à la justice, le prévenu a déclaré que ça ne lui "était même pas venu à l'esprit que c'était à (lui) de le faire". "Pour moi, les faits étaient prescrits", a-t-il ajouté.
"J'ai agi quand Rome me l'a demandé"
"J'ai agi quand Rome me l'a demandé. J'ai fait exactement ce qui m'a été demandé", a-t-il poursuivi, précisant qu'il ne "(disait) pas qu'(ils) n'avai(ent) pas fait d'erreurs". "J'ai pris mes responsabilités dès que les consignes ont été dites clairement", s'est défendu l'archevêque, dans des propos relevés par une journaliste de 20 Minutes. Il a assuré avoir dénoncé les crimes, "mais pas en 2014" lui a opposé la présidente du tribunal. "Je ne vois pas de quoi je suis coupable", a-t-il conclu.
Les plaignants lui reprochent d'avoir maintenu le père Preynat au contact d'enfants jusqu'en 2015, date à laquelle un ancien scout porta plainte contre le prêtre. Puis contre le cardinal en 2016.
Le parquet de Lyon a classé l'affaire sans suite en août 2016 mais des victimes ont alors cité directement les prévenus devant le tribunal, au grand dam du diocèse.