3 policiers jugés à Bobigny: le procès s'ouvre dans un contexte tendu

Tribunal de Bobigny. - BFMTV
Tout avait commencé par un banal contrôle. Le 28 octobre 2015, à Bobigny, des policiers repèrent un conducteur sur un quad dépourvu de plaque d'immatriculation. Ils l'arrêtent. Et constatent que le pilote n'a que neuf ans. Les fonctionnaires appellent alors les parents de l'adolescent. Mais très vite la situation dégénère.
D'après les policiers, des groupes de personnes approchent et manifestent leur hostilité. Se sentant encerclés, les policiers lancent une grenade dite de désencerclement. Après une forte détonation de 160 décibels, le dispositif projette, dans un rayon de 15 mètres 18 galets en plastique pesant chacun 9,3 grammes. L'un d'eux vient se loger dans l'œil un adolescent de 14 ans. Le corps médical lui prescrit 10 jours d'ITT. S'il s'est depuis remis de ses blessures physiques, il reste encore choqué moralement. Avec ses parents, il demande réparation lors du procès qui s'ouvre ce lundi.
Pour Me Laurent Franck Liénard, l'avocat d'un des policiers, aucun doute: "Les policiers ne lancent pas une grenade de désencerclement pour se faire plaisir, ils ne repoussent pas avec la tête les citoyens pour se faire plaisir. Ils agissent en fonction des violences qui sont commises contre eux et uniquement pour se défendre. Dans ce dossier particulier, les faits de violences commis par les policiers ne sont que la juste riposte par les dépositaires de l'autorité publique à l'encontre de citoyens qui étaient violents à leur égard".
Version contre version
Le policier et deux de ses collègues sont poursuivis pour violences volontaires. Comme souvent dans ce genre de procès la version des policiers sera confrontée à celles des victimes et des témoins. Selon les premiers, le père de la victime les avait insultés. "Tu fais pas pleurer mon gamin, t'es un fou ouala, t'as fait pleurer mon fils. Sur le Coran de La Mecque, je vais te niquer. T'as fait pleurer mon fils, je vais te tuer", rapporte Le Point.
Quant au "gamin" blessé, il raconte qu'il était "parti jouer au baby-foot avec des jeunes, "mais comme ça criait, on est sortis dehors devant l'antenne jeunesse. Il y a des jeunes qui sont arrivés et, là, le policier qui voulait rentrer à l'intérieur a lancé une grenade".
En plein contexte de l'Affaire Théo, la justice pourrait décider d'instruire le procès à huis clos afin d'éviter tout débordement.