Le prince Harry appelé à témoigner dans un nouveau procès contre les tabloïds

Le prince Harry lors du 10e anniversaire des Invictus Games, à Londres, le 8 mai 2024. - Justin Tallis - AFP
Nouvelle manche dans le combat du prince Harry contre les tabloïds: un procès s'ouvre ce mardi 21 janvier à Londres, visant deux publications de Rupert Murdoch accusées par le fils cadet du roi Charles III d'avoir obtenu des informations sur sa vie privée de façon illégale.
Harry, qui vit en Californie avec sa femme Meghan et leurs deux enfants, sera appelé à témoigner au cours de ce procès devant la Haute Cour de Londres qui doit durer jusqu'à dix semaines. Les poursuites, engagées au civil, visent le groupe du magnat Rupert Murdoch, News Group Newspapers (NGN).
Deux tabloïds, le Sun et le défunt News of the World, sont accusés par Harry d'avoir recouru, notamment par le biais de détectives privés, à des procédés illégaux pour recueillir des informations destinées à nourrir des articles le concernant il y a plus d'une décennie.
Le duc de Sussex, qui s'est mis en retrait de la monarchie, a remporté en 2023 une victoire majeure contre la presse tabloïd en obtenant la condamnation de l'éditeur du Daily Mirror pour des articles issus du piratage de messageries téléphoniques.
Les poursuites devant la Haute Cour de Londres ne portent quant à elles pas sur les écoutes téléphoniques, le juge Timothy Fancourt ayant estimé que le délai pour agir sur ce point était dépassé.
"Rendre des comptes"
Outre Harry, un ancien dirigeant du parti travailliste, Tom Watson, désormais membre de la Chambre des Lords, poursuit également le groupe NGN. Des centaines d'autres victimes ont quant à elles préféré opter pour des accords à l'amiable avec le groupe de médias.
Harry a indiqué lors d'un événement organisé par le New York Times en décembre, qu'il entendait faire "rendre des comptes" aux tabloïds, contre lesquels il mène un combat judiciaire déterminé. Les deux plaignants accusent aussi les dirigeants de NGN d'avoir étouffé les agissements illégaux de leurs employés en supprimant des courriels. NGN rejette ces accusations, qualifiées de "fausses" et "non étayées".
Lors de ce procès, le groupe va appeler "un certain nombre de témoins, notamment des experts de la technologie, des juristes et de hauts responsables (de l'entreprise) pour réfuter la plainte", a déclaré un porte-parole.
Harry, qui s'est mis en retrait de la famille royale en 2020 et s'est installé aux Etats-Unis avec Meghan, tient les paparazzi pour responsables de la mort de sa mère Diana en 1997 à Paris. En 2023, il avait témoigné contre l'éditeur du Daily Mirror (MGN), devenant le premier membre de la famille royale à déposer ainsi à la barre d'un procès en plus de cent ans.
Le juge, qui était également Timothy Fancourt, avait tranché en sa faveur. Il avait estimé que le piratage des boîtes vocales de célébrités était "une pratique très répandue" chez les titres du groupe MGN à la fin des années 1990. Il avait aussi précisé que la messagerie du téléphone portable du prince Harry avait été piratée "dans une modeste mesure". La presse britannique a été secouée à la fin des années 2000 par la révélation de plusieurs scandales d'écoutes illégales.
"Maléfique"
Le groupe de Rupert Murdoch avait présenté des excuses en reconnaissant des pratiques illégales au News of the World, qu'il avait fermé précipitamment en 2011, mais démenti l'existence d'agissements similaires au Sun et nié toute tentative d'étouffer le scandale.
Depuis, quelque 1.300 plaignants ont conclu des règlements à l'amiable avec le groupe de médias. Ce dernier a payé selon les médias britanniques environ un milliard de livres (1,18 milliard d'euros), s'évitant jusqu'à présent tout procès.
Le frère aîné de Harry et héritier au trône, le prince William, fait partie de ceux qui ont opté pour de tels accords ces dernières années, de même que l'acteur Hugh Grant. Ce dernier avait expliqué qu'un procès lui aurait coûté dix millions de livres (11,8 millions d'euros) en frais de justice, même en cas de victoire.
La procédure judiciaire menée par Harry contre le groupe de Rupert Murdoch a été comparée en octobre par le juge Fancourt à une bataille "entre deux armées obstinées mais dotées de ressources suffisantes". Dans son autobiographie de 2023, Le Suppléant, Harry avait qualifié Rupert Murdoch de "maléfique".