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Une exposition à Paris rend hommage au cinéma syrien

Un extrait du court-métrage The mother of the hero

Un extrait du court-métrage The mother of the hero - -

Le Forum des Images ouvre samedi ses portes au cinéma syrien, libéré grâce à Internet et aux réseaux sociaux.

Depuis un demi-siècle, les cinéastes syriens étaient contraints de travailler sous une censure paralysante ou de s'exiler, mais grâce à internet, une génération plus libre voit le jour, dont les images puisent leur inspiration au coeur du conflit qui ravage le pays.

Pour une semaine, à partir de samedi, à Paris, le Forum des Images présente une sélection d'oeuvres syriennes : certaines qui ont échappé aux ciseaux des censeurs depuis les années 70, et des films d'aujourd'hui, documents bruts sur la révolution qui enflamme le pays.

"On peut parvenir à faire des films en Syrie, mais il faut être courageux", ironise le documentariste Meyar Al-Roumi, qui est allé jusqu'à utiliser comme leurre des amis stars de télévision pour détourner l'attention de la police pendant ses tournages.

Génération YouTube

"Le régime a réussi à tuer dans l'oeuf le cinéma syrien", résume Charif Kiwan, cinéaste syrien qui a fondé en 2010 Abounaddara, une compagnie de production. "Aujourd'hui, c'est un champ de ruines. Il n'y a plus de salles de cinéma, plus de dispositif de financement."

Mais internet (coupé il y a deux jours, ndlr) et le conflit en cours ont ouvert les portes. Chaque vendredi, depuis avril 2011, un collectif rassemblé par Abounaddara diffuse un petit film de quelques minutes sur le net : des témoignages de soldats déserteurs ou simples citoyens, ou encore des oeuvres plus poétiques, avec toujours le conflit comme arrière-plan.

"Il y a une génération qui s'est fait sa culture cinématographique toute seule, sur les réseaux sociaux, sur YouTube, qui est complètement désinhibée, libre. La révolution a réuni ces gens, et je crois que l'avenir du cinéma, il viendra de là", raconte le cinéaste Charif Kiwan.

Une image du conflit réduite

Le travail des jeunes cinéastes syriens vise en partie à corriger l'image donnée du conflit par certaines télévisions étrangères. Incapables de filmer sur place, certains médias se tournent vers les tournages amateurs du conflit, achetant des disques durs entiers pour illustrer les informations.

"Cela a eu des conséquences désastreuses", indique Kiwan. "Les militants avaient en tête tout le temps 'Il faut que ça passe sur Al-Jazeera, et je sais ce qu'ils veulent'. Donc on filme le soldat qui tire sur la foule, le minaret touché par des balles. Et la révolution a été réduite à une image où on voit des gens se faire descendre comme des lapins par des soldats barbares. C'est une réalité terrible, mais si nous réduisons la révolution à cela, on ne comprend plus rien."