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13 Reasons Why: les suicides de mineurs ont augmenté après la mise en ligne de la série, selon une étude

Hannah Baker (interprétée par Katherine Langford), le personnage principal de "13 Reasons Why"

Hannah Baker (interprétée par Katherine Langford), le personnage principal de "13 Reasons Why" - Beth Dubber - Netflix

Sans pouvoir garantir un lien de causalité avec la série, des chercheurs notent une hausse du taux de suicide adolescent aux États-Unis dans les mois qui ont suivi sa diffusion.

Une étude vient de montrer une hausse "significative" des suicides chez les mineurs aux États-Unis dans les mois qui ont suivi la diffusion de la série pour adolescents controversée 13 Reasons Why.

Mise en ligne à partir de 2017 sur Netflix, 13 Reasons Why raconte le suicide d'Hannah Baker, une lycéenne qui laisse des cassettes audio derrière elle pour régler ses comptes avec ceux qui lui ont fait du mal. 

Un pic dès le mois de diffusion

Jeffrey Bridge et son équipe du Nationwide Children's Hospital de l'Ohio ont analysé les statistiques officielles des suicides entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2017 (180.655 morts au total). Selon leurs calculs, un pic de suicides a été enregistré chez les Américains âgé de 10 à 17 ans dès la diffusion de la série par Netflix en mars 2017. 

Le mois d'avril 2017 a même connu le plus fort taux de suicides dans cette catégorie de la population sur les cinq années prises en compte par l'étude, publiée dans le Journal de l'Académie américaine de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent.

Au total, les auteurs de l'étude estiment à "195 le nombre de morts supplémentaires par suicide chez les jeunes âgés de 10 à 17 ans entre le 1er avril et le 31 décembre 2017, dans la foulée de la diffusion de la série", soit une hausse de près de 29%. Contrairement à leur hypothèse de départ, cette surmortalité a essentiellement touché les garçons.

D'autres facteurs peuvent jouer

Les chercheurs ne sont toutefois pas en mesure d'établir un lien de causalité entre le visionnage de la série télévisée et cette recrudescence de suicides, qu'ils n'ont d'ailleurs pas constatée dans les autres segments de la population (18-64 ans). Et d'autres facteurs ont pu jouer un rôle dans cette augmentation, reconnaissent-ils.

Mais pour le Dr Bridge, "le suicide dépeint dans 13 Reasons Why est raconté de manière irréaliste et sensationnaliste" et la méthode employée par la victime, Hannah, est montrée de manière explicite avec des détails macabres, a-t-il déploré lors d'un entretien avec l'AFP.

Plusieurs controverses

"Cela peut être traumatisant pour ceux dont un proche s'est suicidé ou qui ont commis une tentative de suicide, et cela peut aussi dans certains cas fournir un exemple", a ajouté le chercheur, qui enseigne la pédiatrie et la psychiatrie à l'Université d'État de l'Ohio. 

Une autre étude avait déjà mis en évidence un accroissement de 19% des recherches sur internet concernant le suicide et les moyens de se suicider dans les 19 jours qui avaient suivi la diffusion de la série controversée. De nombreux professionnels de santé ou de l'éducation s'étaient émus de la diffusion de 13 Reasons Why, la jugeant potentiellement néfaste pour des populations vulnérables, comme les adolescents.

Netflix, qui a reconduit la série pour une troisième saison, a indiqué à l'AFP être "en train d'analyser l'étude" du Nationwide Children's Hospital pour être sûr de traiter le sujet "de manière responsable".

B.P. avec AFP