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"Parlez-moi de lui", "Téléphone-moi": Nicole Croisille en cinq chansons

La chanteuse, danseuse et comédienne Nicole Croisille, à Paris le 13 mars 2017.

La chanteuse, danseuse et comédienne Nicole Croisille, à Paris le 13 mars 2017. - GABRIEL BOUYS © 2019 AFP

La chanteuse française s'est éteinte à 88 ans. Elle a marqué les années 1970 de plusieurs tubes.

Une figure de la chanson française tire sa révérence. La chanteuse Nicole Croisille est morte "des suites d'une longue maladie", a indiqué son agent à l'AFP, dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 juin à Paris. Elle avait 88 ans et elle laisse derrière elle une longue carrière de danseuse, de comédienne et de chanteuse. C'est sans doute dans la musique qu'elle aura le plus marqué le grand public, signant certains des grands succès des années 1970.

Élue "plus belle de voix de 1975", elle incarnait les chanteuses dites à voix, dans un registre à contre-courant de la vague yéyé mais qui deviendra à la mode deux décennies plus tard avec ses cadettes Patricia Kaas ou Lara Fabian.

Au début des années 1960, elle assure la première partie de Jacques Brel à l'Olympia, mais peine à percer dans un paysage obnubilé par les yéyés. Jusqu'à une rencontre qui va tout changer...

• Un homme et une femme - 1966

C'est en croisant le chemin de Claude Lelouch que Nicole Croisille connaît son premier succès musical, et non des moindres. En duo avec Pierre Barouh, elle interprète la chanson-phare du film culte Un homme et une femme (1966).

Cet inoubliable "dabadabada" fera de Nicole Croisille une incontournable des génériques du réalisateur: Vivre pour vivre, Les uns et les autres, Itinéraire d'un enfant gâté, Il y a des jours et des lunes...

"Sa voix, si singulière, a été le souffle de mes films, la musique de mes émotions. Ensemble, nous avons créé des instants d'éternité. Son timbre unique donnait vie aux images, transformant chaque séquence en un moment de grâce", a salué Claude Lelouch sur Instagram.

• Parlez-moi de lui - 1973

C'est au tournant des années 1970 que Nicole Croisille goûte enfin au succès en tant que chanteuse populaire. Grâce à une collaboration fructueuse avec le producteur Claude Dejacques et une série de compositeurs, dont Francis Lai, elle signe une série de tubes dont le coup d'envoi est donné par Parlez-moi de lui (il ne pense qu'à toi).

• Téléphone-moi - 1975

Il s'agit peut-être du tube le plus marquant de la carrière de Nicole Croisille. Dans Téléphone-moi, elle s'adresse à l'amant qu'elle souhaite rejoindre en quittant son compagnon officiel. Un thème sulfureux, dans la société corsetée des années 1970: "Je m'attendais à ce que ça fasse scandale, mais il n'y en a pas eu. Les musiques étaient tellement fortes que les gens les ont adoptées sans faire très attention à ce que ça racontait", analysait-elle dans les colonnes de La Dépêche en 2016.

"Avec mon directeur artistique, notre idée était de montrer l'image d'une femme libre, assumée, qui ne dépend que de ses choix…"

• J'ai besoin de toi, j'ai besoin de lui - 1976

Un parti pris que l'on retrouve dans cette chanson de 1976. Oscillant entre couplets intenses en piano-voix et refrain entraînant, Nicole Croisille y raconte l'histoire d'une femme déchirée entre deux amours. Et fait à nouveau fi des pressions sociétales: "J'ai besoin de lui, j'ai besoin de toi // Mais ça ne se dit pas..."

• Je n'ai pas dit mon dernier mot d'amour - 1979

"Toi, le jour où tu viendras // Toi que je ne connais pas encore // Mais que j'espère très fort", chantait Nicole Croisille dans ce titre de 1979.

"Je n'ai chanté que des chansons d'amour et je sais ce que j'ai apporté aux gens", disait cette célibataire convaincue, qui ne s'est jamais mariée et n'a pas eu d'enfants, à Paris Match en 2017.

Avec le Blues du businessman - le tube de Starmania qu'elle adapte pour "Itinéraire d'un enfant gâté" -, elle signe son dernier grand succès populaire en 1985. D'une voix devenue plus rauque, elle revient au jazz avec Jazzille (1987), Black et Blanche (1991) et à la bossa nova (Bossa d'hiver, 2008).

À la fin de sa carrière, ce bourreau de travail a délaissé la chanson pour les planches. Elle s'est produite dans divers théâtres parisiens. En 1992, elle réalise "son rêve" en incarnant le rôle-titre de Hello, Dolly!, la comédie musicale américaine. En 2019, à 83 ans, elle joue une ancienne maîtresse de Michel Sardou dans un vaudeville de Sacha Guitry.

https://twitter.com/b_pierret Benjamin Pierret Journaliste culture et people BFMTV