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Chappell Roan enflamme la scène de Rock en Seine au premier jour du festival

Chappell Roan ouvre le festival Rock en Seine, le 20 août 2025.

Chappell Roan ouvre le festival Rock en Seine, le 20 août 2025. - Louis Comar / Rock en Seine

Pour son unique date en France, la sensation pop queer américaine a conquis le public du festival Rock en Seine, ce mercredi 20 août. Chappell Roan a enchaîné les hits, les costumes et les scénographies spectaculaires, sous les acclamations des spectateurs.

L'année dernière, Chappell Roan nous avait posé un lapin. Son concert au Bataclan - "petite" date française dans un calendrier rempli des plus grandes salles européennes - avait été annulé à la dernière minute, au grand dam de ses fans.

Autant dire que la Princesse du Midwest était attendue au tournant, ce mercredi 20 août. Après Lana Del Rey et Billie Eilish - rien que ça -, la nouvelle sensation de la pop américaine a ouvert l’édition 2025 du festival Rock en Seine. Avec un show spectaculaire, énergique et précis.

Il n'aura suffi que d'un an et demi pour que la chanteuse de 27 ans - qui a choisi son nom en hommage à son grand-père - s'impose comme une icône pop et queer. À la faveur d'un single Good Luck, Babe!, sorti en avril 2024, l'artiste originaire du Missouri, connaît un immense succès populaire - le hit se hisse très vite à la 4e place du classement Billboard Hot 100. Son album The Rise and Fall of a Midwest Princess (2023), dévoilé six mois plus tôt, est ainsi redécouvert par le public, tandis que la critique l'avait déjà encensé à sa sortie. Le disque cumule depuis 7,1 milliards de streams dans le monde, dont 110 millions en France.

Toutes ses apparitions sont scrutées et milimétrées. Comme sa performance en armure de chevalier aux MTV Video Music Awards, ou celle des Grammy Awards dans un western clownesque. Cette fois, dans un décor tout droit sorti d'un long-métrage de Disney, à la croisée d'un château féerique et d'une église gothique, Chappell Roan a ouvert son show en corset en satin vert, papillons en tissu collés sur le postérieur. Telle une fée clochette version drag - un univers qui imprègne toute sa discographie, et qui permet de réaffirmer son identité queer.

Figure phare de la pop queer

Avec sa pop maximaliste, l'autoproclamée "super graphic ultra modern girl" - du nom de sa chanson d'ouverture - s’érige comme l’une des figures phares de la renaissance d'une pop lesbienne, aux côtés d'une Billie Eilish avec son titre Lunch ou d'une Girl in Red. Tout son album est une ode aux relations (et déceptions) amoureuses et à la sexualité libre et décomplexée - Chappell Roan se revendiquant comme lesbienne.

Femininomenon, deuxième titre du concert, évoque la préférence de la chanteuse pour les femmes lors d'un rendez-vous raté avec un homme. Good Luck, Babe!, chanson phare de sa discographie, traite de la norme de l'hétérosexualité dans les relations amoureuses. The Subway, dernier single en date de l’artiste et déjà un carton sur TikTok - parle du souvenir douloureux d'une ex après une rupture.

Tant de thématiques qui contrastent avec son enfance dans le Missouri. L'histoire de Chappell Roan commence à Willard, petite ville de 6.500 habitants. Kayleigh Rose Amstutz, de son vrai nom, naît un 19 février 1998, dans une famille conservatrice et chrétienne, entourée d'une sœur et de deux frères. L'église, elle la fréquente trois fois par semaine. Les camps chrétiens, tous les étés. On lui enseigne, entre autres, que l'homosexualité est un pêché.

Ainsi, quand résonnent les premières notes de Hot to go! - sorte d'hymne de cheerleading queer -, difficile de ne pas y voir un geste libérateur. Tout le public de Rock en Seine - dont beaucoup de mini Chappell Roan, tantôt avec un chapeau de cow-boy, tantôt des chevelures rousses flamboyantes et des visages peints en blanc - reprend la chorégraphie, formant les lettres H-O-T-T-O-G-O avec leurs bras. Une pratique qui rappelle un autre titre symbolique de la culture gay, celui des Village People. Chappell Roan, elle-même, a décrit cette chanson comme un "Y.M.C.A., mais encore plus gay".

Encensée par le public

Entourée de son girlband - guitaristes, bassiste, pianiste et batteuse -, Chappell Roan enchaîne avec Barracuda, reprise de Heart, célèbre groupe de rock américain des années 1980 porté par deux figures féminines, les sœurs Ann et Nancy Wilson. Un moment intense, ponctué par des lance-flammes, des headbangs à gogo et des solos de guitares aux sonorités heavy metal, montrant la diversité de registres empruntés par Chappell Roan.

Tout le concert alterne entre une pop héritée de Lady Gaga ou Katy Perry, un rock inspiré des années 2000 et des teenmovies comme Freaky Friday et une country nostalgique, dans la pure tradition américaine. Le tout porté par une certaine théâtralité de l'artiste, qui joue avec une esthétique burlesque, voire "camp", exagérant certaines paroles, certains gestes et costumes jusqu'au grotesque. Ironique et provocateur.

Rarement un concert d'une figure encore jeune de l'industrie musicale aura donné lieu à un engouement si fort - il n'y a qu'à entendre l'assistance de Rock en Seine reprendre en chœur chaque chanson pour le comprendre - et autant de hits enchaînés en une heure vingt de concert.

Une belle revanche pour Chappell Roan, dont la carrière aurait pourtant pu ne jamais voir le jour. Avant ses récents succès, la jeune femme a connu une audition ratée à America's Got Talent, quelques reprises sur Youtube, et une première maison de disque qui l'a virée en pleine pandémie du covid.

Pour conclure, la toute jeune icône choisit ainsi Pink Pony Club - un titre sorti en 2020, devenu culte sur le tard. L'artiste fait ses au revoir sous les acclamations du public, accompagnée par les riffs de ses camarades de scène - et laisse déjà entrevoir une suite grandiose. Véritable Féminomenon.

Sophie Hienard