"J'avais envie de créer deux phases différentes": Benjamin Biolay se confie sur son nouvel album

Non pas un, mais deux albums en un. Trois ans après le disque d'or Saint-Clair et cinq ans après le succès de Grand Prix, l’auteur-compositeur-interprète français Benjamin Biolay sort ce vendredi Le Disque bleu, onzième opus imaginé entre Paris, Buenos Aires et Rio de Janeiro et, une nouvelle fois, divisé en deux parties.
La première baptisée "Les Résidents" est plus dépouillée, crue, à cordes, intime et sombre, ressemblant davantage à ses précédents albums. La seconde, "Les Visiteurs", se veut plus enjouée, dansante, proche de ce qu'il a pu composer par le passé pour les autres artistes, comme Henri Salvador, Keren Ann ou Françoise Hardy.
"J'avais envie de créer deux phases très différentes, une de nuit et une de jour, ou une d'automne et une d'été, explique l'intéressé au micro de BFMTV. Ça sort du même cerveau, mais ce sont deux maisons qui n'ont rien à voir. C'est vraiment deux salles, deux ambiances." Et de préciser: "Avant, on faisait des 33 tours où une fois terminée la première phase, on entrait dans une ambiance différente, plus instrumentale, mais le stream a ensuite rendu tout cela un peu uniforme. Je voulais donc revenir à ce contraste, cet artisanat."
"J'ai peur de ce qui va arriver en France"
L'album, dont le premier single Juste avant de tomber est sorti en mai dernier, fait également la part belle au bleu, au voyage, au ciel, à la mer. "Je voulais juste que les photos, les illustrations, le lettrage soient bleus et qu'à la longue, on l'appelle 'le disque bleu'", justifie le chanteur âgé de 52 ans.
L'homme s'est aussi beaucoup inspiré de Georges Brassens, notamment avec le titre Les Passantes. "Il y a beaucoup d'hommages et de références [au chanteur] dans le disque, approuve Benjamin Biolay. Il était l'un des piliers de la chanson française, qui a fini de définir les contours du genre, et pour longtemps. Je le trouve d'ailleurs de plus en plus moderne."
Dans ce nouvel opus, Benjamin Biolay y apparaît plus assagi, chantant l'enfance, la jeunesse, la contemplation, le soleil. Il se veut aussi politique, pointant notamment du doigt la bien-pensance et le formatage des esprits. "La politique, comme la musique, c'est ce qui nous fait vivre, nous rend heureux ou malheureux, dit-il. Quand on a encore des pulsions pour la politique, c'est bon signe."
Mais le natif de Villefranche-sur-Saône confie volontiers avoir "peur de ce qui va arriver en France". Tout en conservant un infime espoir: "J'espère que l'arrivée au pouvoir d'un parti fasciste ou crypto-fasciste ou très autoritaire n'est pas inéluctable en France". "Le front républicain doit être pour tous, il ne doit pas être l'apanage des gens de gauche, sinon il y a un vrai risque", ajoute celui qui juge la séquence politique actuelle "très gênante".
Benjamin Biolay entamera bientôt sa tournée, divisée elle aussi en deux phases, l'une acoustique, à six sur scène, destinée aux théâtres et aux petites salles et l'autre, électrique, dansante, pour les festivals et les grandes salles, qui commencera dans un an. Une manière de recréer l'écoulement des saisons, l'automne puis l'été.