"Gangnam Style" : quand la contrefaçon enrichit l'artiste

La vidéo la plus visionnée de l'histoire d'Internet aurait rapporté grâce à YouTube près d'un million d'euros à Psy. La recette : laisser les copieurs copier à leur guise... et ramasser les gains de la publicité.

Le monde de l’industrie musicale se divise en deux catégories : ceux qui s’accrochent à un modèle obsolète qui n’est plus rémunérateur depuis des années, et ceux qui embrassent le numérique avec tous les bouleversements que cela implique, innovant et cherchant des solutions. Le chanteur coréen Psy semble pencher vers la deuxième voie, et recevra en retour près d’un million de dollars.

Attention, Psy n’a pas révolutionné les systèmes de rétribution des artistes ni trouvé la solution magique à l’exploitation des œuvres culturelles à l’heure d’Internet, loin de là. Son cas est exceptionnel en tout point.

Mais avoir une interprétation conciliante du droit d’auteur lui a permis de faire, avec une seule chanson, des profits considérables. C’est peut-être là qu’il y a quelques leçons à retenir.

Laisser libre cours aux copies

L’agence américaine Associated Press a sorti la calculette et a fait le constat suivant : en cumulant les revenus de la pub sur YouTube, Park Jae-Sang et ses collaborateurs approchent actuellement le million de dollars de gains (870.000 exactement, selon leur estimation).

Jackpot prévisible pour la vidéo la plus visionnée de l’histoire du Web, mais pas seulement. L’artiste a décidé de ne s’opposer à aucune utilisation de sa chanson, qu’il s’agisse de parodies, qu’elle soit utilisée en bande-son ou bien que le clip soit tout simplement copié.

Grâce au système qui permet à YouTube de reconnaître les copies d’une œuvre dont on détient les droits et d’en revendiquer les revenus publicitaires, il a ainsi multiplié les sources de revenus en ne demandant aucune suppression pour cause d’infraction au droit d’auteur.

AP note qu’à la dernière semaine de septembre, alors que la vidéo était à 300 millions de vues, circulaient déjà sur YouTube plus de 33.000 vidéos reprenant, illégalement, sa chanson. Souvent, il s’agit de parodies. Aujourd’hui, une requête Gangnam Style sur YouTube renvoie à pas moins de 507.000 vidéos, 105.000 sur Dailymotion.

"Gangnam Style", numéro 2 des recherches Google

Une telle libéralité a certainement participé à faire de lui un véritable phénomène Internet, accroissant les vues de sa vidéo, les achats et la réputation du chanteur, qui a même rencontré Barack Obama le 10 décembre. La requête Gangnam Style est numéro 2 mondiale sur Google pour l’année 2012.

Il a acquis une telle envergure qu’il est capable de provoquer de petites crise diplomatiques ! Mais surtout, le chanteur est très réclamé et tire de ces sollicitations, publicitaires, notamment, la majorité de ses revenus : près de 3,5 millions d’euros au total selon AP.

Les dinosaures à la traîne

La posture est bien éloignée de celles des dinosaures du Rock’n’Roll qui se demandent encore s’il faut vendre en ligne ou pas et sous quelles conditions. C’est le cas des AC/DC qui ont trouvé un accord pour figurer dans le catalogue d’iTunes le 19 novembre dernier, ou des Beatles, qui y ont débarqué en novembre 2010 soit cinq ans après son ouverture.

Gangnam Style a été téléchargé 2,9 millions de fois sur iTunes aux Etats-Unis, au prix d’1,29 dollar. Les CD vendus en Corée n'ont rapporté, eux, à Psy que... 50.000 dollars.

>> Et pour ceux qui ne l'ont pas encore vu :

Olivier Laffargue