"Mon terrier", le court métrage réconfortant de Pixar, à voir avant "Soul"

Une scène de "Mon terrier", le nouveau court-métrage de Pixar - Pixar
Fidèle à la tradition, Pixar dévoile un court-métrage inédit, en parallèle de son long métrage Soul, sur Disney+ le 25 décembre prochain. Intitulé Mon terrier (Burrow en V.O.), ce joli film de neuf minutes raconte les aventures d’une lapine à la recherche d’un coin sous terre pour y creuser son terrier. Dans un premier temps isolée, elle se rapproche des autres animaux pour former avec eux une véritable communauté soudée.
Réalisée par Madeline Sharafian, cette ode à l'entraide a été développée dans le cadre du programme SparkShorts, espace de création indépendant qui permet aux artistes de Pixar de produire des courts métrages différents de ceux que le studio sort habituellement. Mon terrier a ainsi la particularité d’être en 2D. Un fait rare chez Pixar, qui privilégie toujours la 3D. Ce choix a été rendu possible par le succès de Kitbull (2019) de Rosana Sullivan, premier court métrage de Pixar réalisé en 2D.
"Son succès a été déterminant", confirme Madeline Sharafian. "Je sais que Rosana a dû convaincre beaucoup de monde chez Pixar pour pouvoir faire Kitbull en 2D. La 3D fait vraiment partie de l’ADN des films Pixar depuis le début. Beaucoup en ressentent une immense fierté et il fallait un SparkShorts pour pouvoir franchir le pas de la 2D. C’est un programme qui permet d’essayer de nouvelles choses, de prendre des risques. Je ne pense pas qu’il soit possible de faire de la 2D chez Pixar autrement que dans un court-métrage."

Mon terrier est une histoire très personnelle pour la jeune réalisatrice de 27 ans. "Ça vient de mon enfance en Californie, où il y a beaucoup de collines et de lapins. Je les regardais disparaître dans leurs terriers. Je rêvais de savoir à quoi ils ressemblaient à l’intérieur et je n’ai pas arrêté d’y penser. Je n’ai jamais cessé de dessiner cette histoire dans mes carnets."
Mon terrier a le charme des illustrations des romans de jeunesse anglais du début du XXe siècle. Madeline Sharafian cite comme inspiration les œuvres de Beatrix Potter (Pierre Lapin) et de Jill Barklem (Les Souris des quatre saisons). Elle s’est aussi souvenue du choc ressenti en découvrant il y a quelques années Fantastic Mr Fox de Wes Anderson, Ernest et Célestine de Benjamin Renner et les films de Hayao Miyazaki:
"On a compris en regardant Fantastic Mr. Fox qu’on pouvait juste symboliser l’idée de creuser sans forcément être très réaliste. J’aime tellement Ernest et Célestine! J'ai été très inspirée par le style graphique du film, notamment le travail sur les lignes. Quand on regarde ce film, on a l’impression de pénétrer dans les carnets d’un dessinateur. Ghibli nous a aussi beaucoup aidés pour l’utilisation des lumières", analyse la réalisatrice.
Comme beaucoup de courts-métrages Pixar, Mon terrier est muet. "J’ai toujours préféré les courts métrages muets, car je ne suis pas très bonne pour écrire des dialogues!", concède Madeline Sharafian. "Ça nous oblige aussi à être extrêmement clair dans la mise en scène. C’est plus difficile, évidemment, mais le résultat en est meilleur et tout le monde peut apprécier cette histoire. C’est mon style de récit préféré."
Aujourd’hui âgée de 27 ans, Madeline Sharafian confie avoir beaucoup évolué en tant que réalisatrice depuis la sortie de son premier film d’étudiante, Omelette (2013), conçu alors qu’elle n’avait que vingt ans: "Je me souviens de mes difficultés pour dessiner l’intérieur d’une maison. Je me suis rattrapée avec Mon terrier, où les décors sont beaucoup plus détaillés."
Travailler sur Coco (2017) et En avant (2020) avec des réalisateurs chevronnés comme Lee Unkrich et Dan Scanlon lui a aussi permis de progresser en tant que réalisatrice: "Sur En avant, j’ai eu une promotion et j’ai pu apprendre à m'affirmer et à parler avec davantage de conviction, à ne plus douter de mes idées. Ce qui est très important! Quand vous êtes réalisatrice, vous devez au moins donner l'impression de savoir de quoi vous parlez à votre équipe!"

La suite avec la réalisatrice de Bao
En attendant de réaliser un nouveau court-métrage, Madeline Sharafian travaille sur Turning Red de Domee Shi. Première réalisatrice solo d’un film Pixar (Brenda Chapman a co-signé Rebelle, mais a quitté le studio avant de terminer le film), Domee Shi a aussi été la première femme à réaliser un court-métrage du studio. Sorti en 2018 avec Les Indestructibles 2, Bao a reçu en 2019 l’Oscar du meilleur court-métrage.
Turning Red racontera l’histoire d’une adolescente, Mei, qui se transforme en panda roux dès qu’elle ne contrôle plus ses émotions. Madeline Sharafian est très heureuse de pouvoir travailler sur ce projet, sorte de remake américain de Ranma ½ de Rumiko Takahashi, et signe de l’ouverture de Pixar à des créatrices: "Domee est très drôle et son film sera très bien et très mignon. J’aimerais vous en dire plus, mais je ne peux pas!"