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Cinéma

Pixar rétablit le baiser d'un couple gay dans son prochain "Buzz l'Éclair"

Buzz l'éclair va avoir droit à son propre film

Buzz l'éclair va avoir droit à son propre film - © Pixar

La scène de baiser entre deux personnages du même sexe a été rajoutée au film après avoir été initialement coupée au montage.

La contestation a porté ses fruits. Le 9 mars dernier, des salariés de Pixar ont diffusé une lettre dans laquelle ils accusent Disney, leur maison-mère, de censurer leurs tentatives d'inclure des personnages LGBTQ dans leurs longs-métrages.

Cette missive signée par "les employés LGBTQIA+ de Pixar et leurs alliés" intervient alors que les studios Disney sont critiqués pour leur inaction face au projet de loi considéré comme anti-LGBTQ "Don't Say Gay" en Floride.

Si le texte ne précise pas quels films Pixar ont échappé, ou non, à la censure ni ce qui a été coupé ou modifié, une source proche de la production du nouveau Buzz l'Éclair - prévu pour juin 2022 - a confié à Variety qu'une scène de baiser entre deux personnages du même sexe avait été coupée du prochain long-métrage de Pixar.

Dans Buzz l'Éclair le personnage féminin d'Hawthorne interprété par Uzo Aduba entretient une relation amoureuse avec une autre femme. À la suite de la lettre écrite par les employés de Pixar et la polémique autour de la réaction du PDG de Disney, Bob Chapek, leur baiser a toutefois été réintégré dans le film la semaine dernière, rapporte Variety.

Un tournant pour la représentation LGBTQ dans les films d'animation?

En 27 ans d'histoire, Pixar n'a représenté à l'écran qu'une petite poignée de personnages LGBTQ. Dans le film En avant (2020), Specter, une policière borgne qui apparaît dans quelques scènes, mentionne sa petite amie. Dans Toy Story 4 (2019), deux mamans font un câlin à leur enfant à l'école maternelle. Le Monde de Dory (2016) présente un bref plan de ce qui semble être un couple lesbien.

Le projet le plus ouvertement LGBTQ des studios Pixar est un court-métrage de 2020 intitulé Out, sur un homme gay qui lutte pour faire son coming out à ses parents. Il a été diffusé sur Disney + dans le cadre du programme SparkShorts.

Mais, selon plusieurs anciens employés de Pixar interrogés par Variety sous couvert d'anonymat, le studio a essayé pendant des années d'intégrer l'identité LGBTQ dans ses scénarios, de manière plus ou moins importante. Des efforts "systématiquement contrecarrés", rapporte le média américain.

Couples, décors et symboles homosexuels retirés des arrière-plans

Selon Variety, Pixar aurait également eu des difficultés à intégrer une représentation homosexuelle, même en arrière-plan. Plusieurs sources ont déclaré que les efforts déployés pour inclure des signes d'identité LGBTQ dans les décors de films situés dans des villes américaines connues pour leur importante population LGBTQ - New York pour Soul (2020) ou San Francisco pour Vice-Versa (2015) - ont été rejetés.

Selon une source mentionnée par Variety, un autocollant arc-en-ciel placé dans la vitrine d'un magasin a été retiré d'une scène parce qu'il était jugé trop "distrayant". D'autres personnes interrogées affirment que les couples homosexuels auraient également été retirés de l'arrière-plan de ces films.

"Presque tous les moments d'affection ouvertement gay sont coupés à la demande de Disney, sans tenir compte des protestations des équipes créatives et de la direction de Pixar", indiquent les salariés dans leur déclaration du 9 mars.

Autocensure pour maximiser la diffusion

Néanmoins, aucune des sources interrogées par Variety n'a pu citer de cas avéré de coupes réalisées à la suite d'une demande de la direction de Disney. Le média américain rapporte, au contraire, que les employés de Pixar auraient eux-mêmes eu recours à de l'autocensure, convaincus qu'avec un contenu LGBTQ, ces films n'auraient pas été diffusés en Chine, en Russie, dans une grande partie de l'Asie occidentale ou dans le sud des États-Unis, marchés essentiels pour Disney mais hostiles aux personnes LGBTQ.

En effet, en 2020, la simple apparition d'une policière lesbienne dans En avant a suffi à faire interdire le film au Koweït, à Oman, au Qatar et en Arabie saoudite. Dans la version sortie en Russie, le mot "petite amie" a été remplacé par le mot "partenaire".

Carla Loridan