"Les Enfants des justes": comment le roi de la comédie Fabien Onteniente a réalisé son premier drame

"Les Enfants des Justes" de Fabien Onteniente - France 2
Changement de registre pour Fabien Onteniente. Le réalisateur français, roi du box-office avec des comédies comme Camping, Jet Set et Trois Zéros, diffuse ce mercredi 23 mars sur France 2 Les Enfants des Justes, son premier drame historique. Pour son "premier film sérieux", Onteniente adapte un roman de Christian Signol paru en 2012 où un couple de Périgourdins (campé par Mathilde Seigner et Gérard Lanvin) cachent des Juifs pendant l'Occupation Nazie.
Une page sombre de notre Histoire, que Fabien Onteniente restitue avec émotion et pudeur. "J'ai toujours parlé plus ou moins de la France - sauf dans Jet Set 2", note le réalisateur. "Les Enfants des Justes est un film sur des Français ordinaires qui ont fait des choses extraordinaires. Il se trouve qu’ils ont fait passer des Juifs sans calculer, avec naïveté, sans savoir qui ils étaient."
Personne n'attendait le réalisateur de Turf et d'All Inclusive sur le sujet. Surtout un an après le carton 100% Bio, comédie sur un boucher du Pays Basque (Didier Bourdon) qui s'oppose à son gendre vegan. "C'est clair", acquiesce Onteniente. "Je vois encore les têtes. C'est étonnant. On me lance des regards inattendus." Pour une fois, la presse le soutient. "Même Le Monde m'a contacté!"
"La consécration, c'était de faire un film de guerre"
Fou d'Histoire, Fabien Onteniente rêve depuis des années d'aborder le sujet de la Seconde Guerre mondiale. "Cette période m'a toujours interpellé. J'ai beaucoup regardé les films qui traitent de cette période-là, comme L'Armée des Ombres, Le Père Tranquille avec Noël-Noël, La Traversée de Paris, Le Train avec Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant. Je les ai toujours regardés avec les yeux d'un gamin qui voulait faire du cinéma. Je me disais que la consécration, c'était de faire un film de guerre."
Il lui a fallu trouver le bon sujet. "J'ai cherché. Je n'allais pas faire Le Jour le plus long 2 - surtout pour la télé!" Sur le tournage de Camping, en 2005, il évoquait déjà le sujet avec son complice Franck Dubosc: "Quand on faisait des pauses, on se disait qu'on ferait un jour notre film de guerre." Dix ans plus tard, Onteniente est tombé sur le roman de Christian Signol, pour lequel il a eu un coup de cœur. "Il me permettait enfin de faire mon film de guerre, de raconter la petite histoire dans la grande histoire."
Les Enfants des Justes est destiné au petit écran. "La télévision permet de traiter des sujets que je ne traite pas au cinéma", assure-t-il. Au cinéma, surtout, aucun producteur ne lui aurait laissé réaliser un film aussi dramatique. "Ils n'y auraient pas cru une seconde." Même avec Mathilde Seigner et Gérard Lanvin, le projet n'aurait pas pu se monter au cinéma. Ce n'est pas la première fois que Fabien Onteniente se voit retoquer ses désirs de drame:
"En 2009, avec Mathilde [Seigner], on voulait faire un film émotion, sur un père et sa fille. Elle en parle à Johnny. Je le rencontre. On se chauffe au cours du déjeuner. Dans l’après-midi, il m'appelle: 'Pourquoi est-ce que je jouerais le père?' Sacré Johnny! On propose cette histoire à Alain Terzian au cours d’un dîner. Terzian me dit, 'Non, tu fais des comédies'. Johnny a été vachement déçu et on s'est tous écrasés. J'ai compris que ce n'était pas mon terrain."
"Un Onteniente que les gens ne connaissent pas"
Les Enfants des Justes est plus sombre que les films habituels du réalisateur. L'image a aussi plus de texture. "Je me suis régalé. J'ai pu m'éclater après des années à en observer dans d'autres films! J'ai réalisé Les Enfants des Justes comme les films que j'ai pu voir sur ce sujet."
Pour sa première incursion dans le registre historique, Fabien Onteniente a été épaulé par ses complices Gérard Lanvin et Mathilde Seigner. "C'était formidable. On n'avait pas travaillé tous les trois depuis Camping." Sur le tournage, Lanvin a réécrit ses dialogues. Seigner en a supprimés. "Elle a compris que son personnage, il fallait l’épurer. Elle est très instinctive. Elle est venue au montage. On travaille vraiment main dans la main."
En réalisant Les Enfants des Justes, Onteniente a eu l'impression de renaître: "J’ai appris des choses sur moi-même. Je m’ouvre plus. Je suis moins sur la défensive." Il est très heureux de ce film qui va permettre au public de découvrir "un Onteniente que les gens ne connaissent pas." S'agit-il du Onteniente de la maturité? "Le Onteniente de la maturité, quand il entend ça, il a envie de redevenir immature!", rigole-t-il.
Il s'est déjà remis au travail, et prépare pour le cinéma une suite de Trois Zéros, baptisé Quatre Zéros. Une plateforme serait intéressée par le projet. L'écrivain Laurent Jaoui et Paul de Saint Sernin de Téléfoot collaborent à l'écriture. Chaque jour apporte son lot d'anecdotes croustillantes. "La semaine dernière, Neymar était au Boum Boum. Il ne fait pas boum boum sur le terrain, mais la nuit! C'est un projet qui m’excite depuis super longtemps. C'est euphorisant!"