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"Je renais de mes cendres": Karla Sofia Gascon veut tirer un trait sur la polémique "Emilia Pérez"

L'actrice Karla Sofía Gascón lors du Palm Springs International Film Festival Awards

L'actrice Karla Sofía Gascón lors du Palm Springs International Film Festival Awards - Valerie Macon

L'actrice du film de Jacques Audiard, passée de nouvelle icône à paria après l'émergence de ses anciens tweets hostiles aux musulmans, revient sur la controverse qui a enflammé la course aux Oscars.

Quelques mois après la débâcle Emilia Pérez, Karla Sofía Gascón sort du silence. La star de ce film de Jacques Audiard, dont les chances aux César et aux Oscars ont été plombées par l'émergence de tweets hostiles aux musulmans, publiés par l'actrice il y a plusieurs années, revient pour la première fois sur cette période dans les colonnes du Parisien ce jeudi 12 juin.

"Je me suis sentie comme une sorcière qu’on voulait brûler au moment de l’Inquisition", raconte la comédienne espagnole. "Aujourd’hui, tout ce que j’espère, c’est que la vérité surgisse. Je suis un phénix, je renais de mes cendres."

Itinéraire d'une chute

En l'espace d'une année, Karla Sofía Gascón a connu l'apogée et la disgrâce. Star d'Emilia Pérez, sensation cinématographique de 2024 signée Jacques Audiard, l'actrice de 53 ans a obtenu un prix d'interprétation féminine à Cannes cette année-là, annonciateur d'une belle carrière pour le film lors de la saison des récompenses.

Tout a basculé fin janvier, quand d'anciens messages publiés sur X (ex-Twitter) par l'actrice ont refait surface sur les réseaux sociaux. Elle y affirmait notamment que l'islam était "incompatible avec les valeurs occidentales" et s'inquiétait de voir "de plus en plus de musulmans en Espagne".

Dès lors, Emilia Pérez a vu sa cote de popularité dégringoler, en pleine course aux César et aux Oscars. Cette comédie musicale sur la transition de genre d'un narcotrafiquant mexicain, qui avait marqué l'histoire de la remise de prix américaine lors des nominations - premier film non anglophone à en récolter 13, et première nomination d'une femme transgenre dans la catégorie meilleure actrice pour Karla Sofía Gascón - était alors devenue source de malaise parmi les votants et dans les médias.

"Ce qui m'a le plus fait peur, c'est de ne pas pouvoir me défendre et m’exprimer comme je le voulais", raconte-t-elle aujourd'hui. "Quand on a parlé de ces tweets, j’ai préféré ne pas intervenir par respect pour l’équipe d'Emilia Pérez: c’était juste avant les Oscars, il y avait de gros enjeux. La rumeur est devenue incontrôlable, tout cela m'a totalement dépassée. J’ai servi de prétexte à ceux qui voulaient m’empêcher d’avancer et détruire le film."

Selon elle, sa transidentité a servi de prétexte à certains de ses détracteurs: "Il existe un courant ultra-conservateur qui a braqué les projecteurs sur la minorité à laquelle j'appartiens et qu'il cherche à rendre responsable de tous les maux afin de détourner l’attention des véritables problèmes."

De fait, les conséquences de la polémique se sont sans doute fait sentir dans les palmarès - sur ses 13 nominations, Emilia Pérez n'a décroché que deux victoires aux Oscars: meilleure actrice dans un second rôle pour Zoe Saldaña et meilleure chanson originale pour El Mal.

"Des choses horribles"

Et de chercher à expliquer les messages incriminés: "Il y en a certains que je n’ai pas écrits, qui ont été inventés", assure l'actrice. "D'autres ont été mal interprétés: ils étaient au deuxième degré, ironiques, ou écrits en réaction à des événements extrêmes comme l’attentat de Nice. Vraiment, cette polémique a été injuste (...) Mon avocat travaille sur des actions judiciaires vis-à-vis de tous ceux qui ont écrit des faux tweets ou qui ont publié des choses horribles sur moi."

Malgré cette déconvenue, Karla Sofía Gascón multiplie les projets. Elle vient de terminer le tournage d'un film espagnol, Trinidad, et tournera bientôt pour le film Everything Can Happen, du Français Jean-Michel Stazzu.

https://twitter.com/b_pierret Benjamin Pierret Journaliste culture et people BFMTV