Hamdan Ballal: l'Académie des Oscars s'excuse pour son manque de soutien envers le cinéaste palestinien

Le cinéaste émirati Hamdan Ballal tient son Oscar du meilleur long métrage documentaire pour lors du 97e bal annuel des gouverneurs des Oscars au Dolby Theatre à Hollywood, en Californie, le 2 mars 2025. - ANGELA WEISS
L'Académie des Oscars s'est publiquement excusée ce vendredi 28 mars après avoir été dénoncée par des centaines de professionnels d'Hollywood pour son manque de soutien envers le réalisateur palestinien, Hamdan Ballal, récemment arrêté par l'armée israélienne.
Après avoir reçu l'Oscar du meilleur documentaire début mars pour No Other Land, un long-métrage sur la colonisation en Cisjordanie, le cinéaste a été attaqué par des colons israéliens en début de semaine, selon une ONG locale. Il a ensuite été placé en détention par les autorités israéliennes, avant d'être libéré le 25 mars.
Une réaction d'abord silencieuse
Contrairement à de nombreuses instances de l'industrie cinématographique mondiale, qui ont immédiatement dénoncé son traitement, l'Académie des Oscars est d'abord restée silencieuse. Elle a ensuite publié un communiqué mercredi où elle condamnait la violence contre les artistes, sans mentionner spécifiquement Hamdan Ballal.
Après une réunion de crise, elle a envoyé une lettre à ses membres pour rectifier sa position vendredi soir.
"Nous nous excusons sincèrement auprès de M. Ballal et de tous les artistes qui ne se sont pas sentis soutenus par notre précédente déclaration", indique-t-elle dans ce courrier.
"L'Académie condamne toute violence de ce type, où que ce soit dans le monde. Nous abhorrons la suppression de la liberté d'expression, quelles que soient les circonstances", précise sa direction.
Une Académie "loin d'être à la hauteur"
La réaction initiale de l'institution avait provoqué la polémique à Hollywood. Plus de 700 membres de l'Académie, parmi lesquels Joaquin Phoenix, Penelope Cruz et Richard Gere, ont signé une lettre dénonçant son attitude trop timorée.
"Il est indéfendable qu'une organisation récompense un film la première semaine de mars, puis ne défende pas ses réalisateurs quelques semaines plus tard", estimaient-ils, en condamnant "l'agression brutale et la détention illégale" de Hamdan Ballal.
Pour eux, la direction de l'Académie était "loin d'être à la hauteur des sentiments qu'appelle ce moment".
"J'ai cru vivre mes derniers instants"
No Other Land chronique le déplacement forcé de Palestiniens par les troupes israéliennes et les colons à Masafer Yatta, une région de Cisjordanie qu'Israël a déclarée zone militaire restreinte dans les années 1980.
Malgré son Oscar, le documentaire eu du mal à trouver un distributeur aux États-Unis. Les autorités israéliennes ont assuré que Hamdan Ballal avait été emprisonné pour "avoir lancé des pierres".
Après sa libération, le réalisateur a estimé avoir été pris pour cible à cause de son documentaire. Il a expliqué à l'AFP avoir été attaqué par des colons tandis que des soldats pointaient leurs armes sur lui.
"J'ai cru vivre mes derniers instants à cause de la violence des coups. (...) Je pense que c'était parce que j'ai gagné l'Oscar", a-t-il déclaré mercredi dans le village de Soussiya, dans le sud de la Cisjordanie.
Pendant sa détention, les soldats mentionnaient son nom et le mot "Oscar" lors des changements de garde, a-t-il raconté. Son collègue israélien, Yuval Abraham, qui a co-réalisé le film avec lui, dénonçait depuis plusieurs jours le manque de soutien de l'Académie des Oscars.