"Freaky Friday" avec Lindsay Lohan et Jamie Lee Curtis: anatomie d'un film culte

Freaky Friday de Mark Waters est devenu un classique des teenmovies. La comédie de Disney, sortie en 2003, a marqué la génération des millenials et continue, encore aujourd'hui, à faire rire et émouvoir. Sa suite Freaky Friday 2: Encore dans la peau de ma mère sortira en salles ce mercredi 6 août.

Et si votre mère et vous échangiez de corps? L'intrigue de Freaky Friday: Dans la peau de ma mère tient en une seule ligne, et c'est peut-être ce qui explique la longévité de ce teen movie des années 2000 - comprenez un "film d'apprentissage" explorant l'adolescence.

Le Dr. Tess Coleman (Jamie Lee Curtis) et sa fille Anna (Lindsay Lohan) ne s'entendent plus. La première, veuve sur le point de se remarier, mène de front sa carrière et l'éducation de ses deux enfants. La seconde, 15 ans, traverse les affres de l'adolescence, rythmée par le harcèlement scolaire, les premiers émois et les répétitions de son groupe de garage rock. Alors que le dialogue entre mère et fille est sans cesse rompu par des disputes, l'une et l'autre sont frappées par un sort: elles échangent de corps, et apprennent ainsi à mieux se connaître.

Adaptation d'un roman éponyme de Gary Nelson, et remake d'un film à succès - Un vendredi dingue, dingue, dingue (1976) avec Jodie Foster et Barbara Harris - la comédie de Mark Waters a été un succès immense dès sa sortie en 2003, engrangeant 160 millions de dollars de recettes au box-office mondial. Fin 2003, 4,97 millions de DVD et VHS avaient été vendus, générant plus de 85,7 millions de dollars de revenus. Comment expliquer que ce film est devenu, pour beaucoup, référence majeure de la pop culture des années 2000?

Un jeu d'acteur hors norme

Freaky Friday n'aurait peut-être pas la même résonance sans les performances de Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan. Lors du "bodyswap" (changement de corps pour les francophiles), la première campe une ado, mal dans sa peau, piégée dans le corps de sa mère. Une situation cocasse qui permet à l'actrice, alors âgée de 44 ans, de livrer une performance hilarante, en adoptant la gestuelle et l'argot des jeunes ("You're ruining my life!", "tu ruines ma vie", en français).

Face à elle, Lindsay Lohan, 17 ans. Pour s'emparer de ce rôle de mère responsable, l'adolescente change de posture et de manière de s'exprimer. Une allure adulte, pour ne pas dire stricte, qui tranche avec l'image habituelle de la jeune femme. Et impressionne. L'audition du groupe rock d'Anna reste, pour beaucoup, une scène comique d'anthologie.

Le succès tient donc à la prouesse des deux actrices et leur complicité à l'écran. Les gags s'enchaînent aussi, plus drôles les uns que les autres. Néanmoins, il faut aussi admettre que certains ressorts comiques ont mal vieilli - en témoignent les manigances des serveuses dans le restaurant chinois (qui flirtent avec une imagerie exotisante, pour ne pas dire raciste).

Des thèmes toujours d'actualité

Le fil narratif déroule un sentiment universel : celui d'une incompréhension entre les générations, d'un dialogue rompu en famille. Teen movie par excellence, Freaky Friday fait rire et émeut autant les enfants que les parents qui peuvent s'identifier dans le personnage de Tess. Cette dernière comprend le quotidien de sa fille lycéenne, harcelée par son ancienne meilleure amie Stacy, uniquement lorsqu'elle prend sa place.

Sorti au début des années 2000, le long-métrage reste aussi lucide sur la charge mentale qui incombe aux mères - d'autant plus forte dans le cas des mamans solos - et les problématiques des familles recomposées. Ainsi, Anna réalise que sa mère jongle quotidiennement avec des responsabilités écrasantes : gérer ses consultations de psychologue, organiser son mariage et s'occuper du petit Harry.

Une capsule des années 2000

Si le propos de Freaky Friday reste très actuel, le film se révèle être une véritable fresque des années 2000 - ce qui contribue aussi à son succès. La comédie de Disney fait la part belle aux habits bohèmes, aux looks grunge, aux mèches de cheveux teintées et aux piercings, aux téléphones à clapet et aux autoradios. Un témoin d'une époque révolue pour les plus jeunes et une capsule temporelle pour les millenials nostalgiques de leurs années lycée (et de leur âge ingrat).

La bande-son - iconique - est elle aussi symbolique du début du siècle, alternant entre Simple Plan, une reprise rock de Baby One More Time, ou encore What I Like About You de Lilix, sans oublier les compositions originales. Le groupe fictif Pink Slip, dirigé par le personnage de Lindsay Lohan, a même été salué par Teen Vogue comme un point de référence culturel qui a inspiré une génération de jeunes musiciens.

Le film devenu culte aura ainsi le droit à sa suite: Freaky Friday 2: Encore dans la peau de ma mère sortira en salles ce mercredi 6 août.

Sophie Hienard