"Freaky Friday 2": le film culte revient avec Lindsay Lohan et Jamie Lee Curtis, on prend les mêmes et on recommence?

Le duo Lindsay Lohan et Jamie Lee Curtis fait son retour pour Freaky Friday 2. - Glen Wilson / Disney Enterprises, Inc.
Certains films nous laissent une impression tenace. On en pardonne parfois les lourdeurs, les longueurs, tant ils occupent une place précieuse dans notre référentiel - plaisirs coupables, on ne les cite jamais dans sa filmographie idéale, mais on les retrouve à l'envi pour s'immerger dans la tendresse de l'enfance.
Ces mêmes films, on craint d'en voir une suite, tant cette dernière risquerait de gâcher nos premières amours. Freaky Friday (2003) fait partie de ceux-là. De ces œuvres-doudous qu'on ne peut s'empêcher d'aimer. Le second volet Freaky Friday 2: Encore dans la peau de ma mère, réalisé par Nisha Ganatra est - fort heureusement - du même acabit.
Vingt-deux ans plus tard, la recette de Disney ne change pas: un dialogue rompu entre une mère et une fille, un body swap (comprenez un échange de corps), et de vraies scènes de comédie. Fini les disputes: les relations sont désormais apaisées entre Tess (Jamie Lee Curtis) - toujours psychologue à succès et présentatrice d'un podcast - et Anna Coleman (Lindsay Lohan) - ex-rockstar reconvertie en manager d'artistes.
La tornade est ailleurs. Harper (Julia Butters), ado téméraire de 15 ans qu'Anna élève seule, préfère les vagues et la planche de surf aux bancs du lycée. Peut-être parce qu'elle y a rencontré son ennemie jurée en sa binôme de chimie: Lily (Sophia Hammons), coquette Anglaise, fraîchement arrivée à Los Angeles et déjà coqueluche du lycée. S'ensuivent fatalement des affrontements en tout genre, d'une bataille de gâteaux dans la cour de récré à une expérience scientifique totalement chaotique.

La situation s'empire lorsque Anna rencontre Eric (Manny Jacinto) - chef cuisinier à succès, papa de Lily et veuf. Un coup de foudre… qui mène à un coup de gueule: les progénitures se rebellent, et les relations se tendent encore. À la faveur d'une prophétie chez une voyante, Harper et Anna échangent de corps, Lily et Dr Tess Coleman font de même. Dans un corps d'adulte, les ados rivales deviennent momentanément alliées pour empêcher l'union de leurs parents.
Plaire aux fans au détriment de la narration?
Rivalité, réconciliation, morale sur la famille (recomposée) et tout est bien qui finit bien. Sans renouveler le genre des teen movies - films d'apprentissage sur l'adolescence, Freaky Friday 2 déroule une intrigue douce et tendre, réconfortante comme un bonbon. En attendions-nous davantage d'une comédie feel good produite par Disney?
La réalisatrice Nisha Ganatra (Brooklyn Nine-Nine, Dear White People) propose ici sa (double) version du body swap. Mais, difficile d'être originale tant le thème est éculé - entre l'inoubliable Big (1988) dans lequel Tom Hanks interprète un enfant dans un corps adulte et Un vendredi dingue dingue dingue (1976), la première version de Freaky Friday avec Jodie Foster.
Aux multiples caméos et clins d'œil au film de Mark Waters de 2003, on opposerait aussi une impression, parfois poussive, de déjà-vu. Pas question, cependant, de bouder notre plaisir lorsque les Pink Slip - groupe de garage rock d'Anna - reprennent du service avec leur titre Take me away. Madeleine de Proust et fan service pur et dur.
Portrait de la Gen Z
Freaky Friday 2 touche aussi lorsqu'il dépeint - avec sincérité - une génération et une époque: non plus celles des millenials, mais plutôt de la Gen Z. Version 2025, la vente de gâteaux inclut toutes les intolérances alimentaires possibles - énumérées à la suite, elles en deviennent absurdes. Anna applique tous les préceptes de l'éducation positive jusqu'au ridicule. Eric, le père de Lily, évoque à tâtons le "gaslighting" (technique de manipulation) que les enfants exerceraient à son encontre, avant que sa fille ne lui rappelle la définition exacte.
Si le scénario joue avec les injonctions de l'époque, il rattrape aussi des erreurs du passé. Ainsi, la suite nous épargne la représentation raciste envers les Asiatiques qui existait dans le premier volet. Cette fois-ci, le body swap n'intervient plus à la suite de manigances d'une restauratrice chinoise et d'un fortune cookie (biscuit renfermant un message), mais d'une consultation avec une voyante en carton, totalement illuminée, qui cumule autant de casquettes que d'arnaques.

Enfin, comment ne pas souligner l'interprétation remarquable de Lindsay Lohan et Jamie Lee Curtis? Deux décennies après, le tandem complice se donne la réplique dans des scènes encore plus cocasses.
Au summum du comique: les retrouvailles entre Anna - en réalité Harper - et son amour de jeunesse Jake (Chad Michael Murray), dans un magasin de vinyles. Suivant les indications chaotiques de Lily - coincée dans le corps de Tess -, Harper tente de séduire le beau blond, à coups de clin d'œil appuyés et de lèvres mordues. L'occasion de découvrir une Lindsay Lohan hilarante à pleurer.
Freaky Friday 2 est-il plus fou encore que son prédécesseur? Pas si sûr. Loin d'être décevante et servie par un casting en or, la suite doit se regarder telle qu'elle est: un film familial comique et touchant, sans prétention ni révolution. Mais qui nous replonge dans une douillette nostalgie.