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De "Raid Dingue" à "Murder Party", qui est Alice Pol, la discrète de la comédie française?

Alice Pol dans "Murder Party"

Alice Pol dans "Murder Party" - Copyright Kazak Productions

La comédienne, l'une des plus bankables du moment grâce au succès de ses comédies avec Dany Boon ou "Les Vieux Fourneaux", est aussi l'une des stars les plus discrètes du cinéma français. Rencontre.

Depuis Supercondriaque (2014) et Raid Dingue (2016), deux comédies de Dany Boon qui ont fait d'elle l'une des actrices les plus bankables du moment, Alice Pol est un visage plus familier de la comédie française. Et paradoxalement, l'une de ses stars les plus discrètes.

A l'affiche ce mercredi 9 mars de la comédie policière Murder Party, réjouissant pastiche des "whodunits" façon Agatha Christie et de A couteaux tirés, l'actrice qui ne rêvait pas de faire du cinéma se confie auprès de BFMTV sur cette singularité.

"J'ai toujours été maladroite dans la vie. Pas toujours confiante. Et sur un plateau de cinéma, je crois que quelque chose en moi se réveille. Ce métier, c'était presque un appel. C'est l'endroit où je me sens bien."

Rien ne prédestinait cette fille d'un chirurgien digestif et d'une infirmière, à évoluer dans le monde du cinéma. Alice Pol rêvait de partir sur les routes et de devenir saltimbanque, voire assistante magicienne. "Je voulais être artiste, mais je ne savais pas si je voulais dire des mots, danser, chanter. Je voulais faire un peu de tout. C'est pour cette raison que j'adore faire Les Enfoirés. Cela me permet d'être au milieu de musiciens."

D'une "timidité maladive", cette amoureuse de l'art de la comédie confesse un attrait particulier pour les héroïnes bienveillantes et gaffeuses, quelque part entre Gaston Lagaffe et Amélie Poulain. "On ne me propose pas souvent des rôles de méchante", concède-t-elle. Je l'ai fait une fois, dans un film de Guillaume Gallienne [Marilyne en 2017, NDLR]. Je sens que je peux jouer des choses différentes, mais ça m'est égal de le prouver. Je veux juste raconter des histoires."

"Apporter un peu de fantaisie au public"

Depuis le succès de Supercondriaque et de Raid Dingue, Alice Pol a mis son talent au service de comédies parfois étonnantes et hors des clous, comme J'irai mourir dans les Carpates (2020), ovni filmique où elle enquête sur la mort présumée de l'animateur Antoine de Maximy, ou Murder Party.

"La chose la plus importante quand j'accepte un film, c'est le scénario, l'histoire. Je me mets toujours à la place des spectateurs. J'ai besoin d'être sûr que je leur propose un spectacle qui les embarque et les divertit. On est dans une époque qui laisse peu de place au rêve. On en a besoin pour vivre. C'est très important pour moi d'apporter un peu de fantaisie au public."

Opération réussie avec Murder Party, comédie sur les névroses familiales qui réunit Miou-Miou, Eddy Mitchell, Pablo Pauly, Gustave Kervern, Pascale Arbillot et Sarah Stern. Alice Pol y incarne un nouvel avatar du personnage qui l’a fait connaître du grand public, une héroïne dépassée par des événements qu’elle va apprendre à contrôler avant de remettre à sa place les hommes qui l'ont sous-estimée.

"C'est vrai que j'ai souvent joué des personnes qui n'ont pas confiance en eux. Hélas, j'ai eu cela beaucoup dans la vie. Au bout d'un moment, on ne sait plus si les personnages sont influencés par nous, ou si on les influence. Il y a un mélange un peu magique qui se fait. Cela m'arrive souvent sur un tournage de trouver que le personnage me ressemble. Mais je ne sais pas si c'est objectif ou si c'est le fait de le jouer tous les jours..."

"J'ai toujours été un peu décalée"

Alice Pol cultive cette naïveté. Elle qui est restée candide très longtemps se laisse "guider par là où le cœur [la] porte". "J'ai été naïve pendant des années, même quand je faisais ce métier. Dans la vie de tous les jours, il m'arrive d'avoir des moments de grande naïveté. Enfant, j'ai toujours été un peu décalée. J'ai cru assez tard au Père Noël. Si personne ne m'avait lâché l'info, je serais toujours à vérifier qu'il n'est pas là!"

Une fraîcheur à rebours de la grande famille du cinéma, souvent dans le contrôle de son image. "Avant, j'en avais honte, de cette naïveté. Maintenant, je me rends compte que c'est un atout pour raconter des histoires, et même pour vivre. C'est salvateur. C'est laisser la place à l'enfance, et quand on laisse place à l'enfance on fait les bons choix."

Une bienveillance qu'elle applique aussi vis-à-vis de ses films, peu importe le résultat: "Il faut se poser des questions avant d'accepter, mais une fois qu'on y est, il ne faut plus. Il ne faut pas penser aux risques, à ce qu'on va en penser. Sinon on ne vit plus, on ne joue plus avec générosité." En dix ans de carrière, elle compte une seule déception. Le seul tournage qui s'était mal passé. Elle tait le nom du film. "J'attendrai d'être vieille pour le révéler."

Dany Boon, son ange gardien

Huit ans après sa révélation dans Supercondriaque, Alice Pol ne remerciera jamais assez Dany Boon pour lui avoir permis de rencontrer le public. "Il m'a apporté la confiance. C'est colossal. C'est sublime. C'est ce que je rêvais de faire."

Un autre homme a aussi beaucoup compté dans sa carrière, Pascal Chaumeil, le réalisateur de L'Arnacœur, mort en 2015. Chaumeil l'avait engagé dans Un plan parfait, et lui avait permis d'être repérée par Dany Boon. "Ce sont mes deux anges gardiens. C'est Pascal qui a parlé de moi à Dany. J'y pense tout le temps en réussissant quelque chose. Il faut toujours avoir quelqu'un qui croit en toi."

Alice Pol sera omniprésente dans les prochains mois au cinéma. Le 8 juin, elle sera à l'affiche de C'est magnifique!, nouvelle comédie romantique signée Clovis Cornillac tournée en 2019. "C'est une histoire qui fonctionne bien. C'est un film très poétique." On la retrouvera ensuite dans la suite de l'adaptation de la BD Les Vieux Fourneaux.

La comédienne n'exclut pas une nouvelle collaboration avec Dany Boon. "Je pense que l'on se retrouvera avec la bonne histoire. L'envie est toujours intacte." Pour l'heure, elle écrit. Elle a deux projets sur le feu, mais ne préfère pas en parler. La discrétion, toujours.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV