"On est assez sereins": l'éditrice de Bastien Vivès "défendra la liberté d'expression" au procès de l'auteur de BD

Le dessinateur Bastien Vivès le 30 août 2021 à Paris - JOEL SAGET © 2019 AFP
La maison d'édition Glénat "défendra la liberté d'expression" de son auteur Bastien Vivès lors de son procès la semaine prochaine pour diffusion d'images de mineurs à caractère pornographique, déclare sa patronne Marion Glénat-Corveler lors d'un entretien avec l'AFP.
Les éditions Glénat et Les Requins Marteaux, qui ont publié les BD incriminées, comparaîtront avec l'auteur les 27 et 28 mai devant le tribunal de Nanterre. "On est assez sereins", indique la fille du fondateur de la maison grenobloise, Jacques Glénat.
"On défendra la liberté d'expression qui est quand même une des valeurs fondamentales de notre métier d'éditeur", assure-t-elle.
L'auteur et ses éditeurs comparaissent pour deux ouvrages, La Décharge Mentale (2018) et Petit Paul (2018), autour desquels une retentissante polémique avait éclaté en 2022 en marge d'une exposition sur son oeuvre prévue au Festival de la BD d'Angoulême.
Plainte d'associations de protection de l'enfance
L'auteur avait été accusé de banaliser et de faire l'apologie de l'inceste et de la pédocriminalité dans ses dessins. L'exposition avait finalement été annulée en raison de menaces physiques proférées contre lui. Cinq personnes avaient été jugées pour menaces de mort ou violence sur l'auteur et condamnées en juin 2024 par le tribunal correctionnel de Paris à des peines de prison avec sursis.
Après une plainte de plusieurs associations de protection de l'enfance, une enquête préliminaire pour diffusion d'images pédopornographiques avait été ouverte en janvier 2023.
"On peut comprendre que cet album ('Petit Paul', qui met en scène une relation sexuelle entre un enfant et sa maîtresse, ndlr) ait pu choquer, interroger, poser des questions auprès des lecteurs", admet Marion Glénat-Corveler.
"L'époque a changé"
"Néanmoins, on est défendu par Richard Malka, le grand spécialiste de la liberté d'expression. Et on est assez serein. Ce ne sera pas un moment sympathique à vivre, mais on défendra cette valeur-là. (...) Elle est menacée, clairement. Vous l'avez bien vu dans le procès de Charlie qui a eu lieu l'année dernière. Et puis, l'époque a changé. On ne s'autorise plus les mêmes choses. On s'autocensure, c'est vrai, de nous-mêmes un peu."
Bastien Vivès a toujours plaidé qu'il s'agissait de fictions et de dessins, et qu'il n'y avait donc pas d'infraction. En outre, il s'était défendu d'avoir cherché à promouvoir la pédociminalité. Il a opéré son retour en librairies en 2024 avec La Vérité sur l'affaire Vivès, album satirique autoédité par sa structure Charlotte Editions.