Le festival BD d'Angoulême annule l'exposition de Bastien Vivès après des "menaces"

L'auteur de BD Bastien Vivès en 2021 - Joel Saget
Après plusieurs jours de vive polémique, le festival d'Angoulême a pris la décision ce mercredi d'annuler l'exposition consacrée au dessinateur Bastien Vivès, accusé de promouvoir l'inceste et la pédocriminalité dans des livres comme Petit Paul (2018).
La manifestation culturelle dit avoir pris la décision après des "menaces physiques proférées vis-à-vis de Bastien Vivès": "Il n'est dès lors pas possible pour l’événement d’envisager que sa programmation puisse faire peser de tels risques sur un auteur et, potentiellement, dans quelques semaines, sur ses festivaliers."
Réaffirmant que cette exposition pour laquelle Bastien Vivès avait reçu carte blanche présenterait des "créations originales inédites et non [des] contenus tirés de son œuvre", le Festival "considère que l’œuvre de Bastien Vivès, dans son ensemble, relève de la liberté d’expression et qu’il revient à la loi de tracer les frontières dans ce domaine et à la justice de les faire respecter."
"Le festival rappelle à cet égard, qu’à sa connaissance, l’auteur, actuellement incriminé sur les réseaux sociaux, n’a fait l'objet d’aucune plainte de quelque nature que ce soit", insiste encore le communiqué de presse.
Un débat en janvier à Angoulême
Rappellant que ce débat "porte sur des questions aussi anciennes que l’art", "relatives à la liberté d’expression et de création, à la responsabilité des artistes, aux nécessaires évolutions sociétales, à la morale, aux barrières entre la fiction et le réel, à la censure, et à l’autocensure", le festival appelle ainsi à "poser ce débat dans la sérénité".
Débat qui sera conduit lors du festival d'Angoulême "dans le cadre d’un forum prospectif – où [la manifestation] ne manquera pas de convier certain.e.s des internautes parties prenantes qui se sont exprimé.e.s récemment en l’interpellant."
Concernant certains propos tenus par Bastien Vivès dans des interviews et sur les réseaux sociaux, "qui peuvent paraître à certains et dans l’absolu, très choquants et/ou déplacés", le festival assure qu'il "n'avait pas initialement connaissance de nombre d’entre eux".
"Compte tenu de la situation, il appartient à l’auteur de s’expliquer, de la manière qu’il jugera opportune, sur leur sens, leur raison d’être et de préciser les circonstances dans lesquelles ils ont été prononcés", ajoute le festival, qui espère avec son annonce "ramener de la sérénité dans une situation qui l’exige désormais", "pour que les invectives et menaces cèdent la place au débat".