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Yvelines

Une pièce de théâtre de Molière créée par l'IA en préparation au Château de Versailles

Photo d'illustration de Molière.

Photo d'illustration de Molière. - AFP

L'Opéra du Château de Versailles présentera en mai 2026 une pièce de théâtre créée par l'intelligence artificielle sur le modèle des dramaturgies de Molière. Un extrait a été joué ce mardi 7 octobre.

Si Molière n'était pas mort en 1673, qu'aurait-il créé ? Une pièce de théâtre générée par une intelligence artificielle (IA) entraînée pour écrire comme le célèbre dramaturge sera présentée en mai 2026 à l'Opéra du Château de Versailles (Yvelines), ont annoncé ce mardi 7 octobre ses concepteurs.

Un extrait de cette pièce, encore en cours de création, a été joué devant la presse. Elle est intitulée "L'astrologue ou les faux présages" et portée par Sorbonne Université, le Théâtre Molière Sorbonne et un collectif d'artistes.

On y voit un père consulter les astres et promettre à sa fille une "union des plus prospères"... avec un homme dont elle ne veut pas. La servante Dorine intervient pour tenter de l'en dissuader.

"C'est une pièce que Molière aurait pu écrire, sur une thématique (l'astrologie, ndlr) qu'il aurait pu aborder", a affirmé Pierre-Marie Chauvin, vice-président de Sorbonne Université, selon lequel la bibliothèque de l'homme de théâtre comprenait notamment des traités d'astronomie. "On savait que Molière s'intéressait à ce sujet", et ce, "de manière mordante".

"Molierexmachina"

Concrètement, les concepteurs de ce projet nommé "Molierexmachina" ont travaillé avec le modèle de la start-up française d'IA Mistral, champion européen du secteur, l'entraînant sur des dialogues, des récits de Molière ou sur d'autres textes français pertinents pour leur recherche. L'accent a été mis sur le travail de préparation, avant de lancer l'algorithme.

Chaque étape est simulée selon "le processus créatif de Molière", indique Mickaël Bouffard, metteur en scène du Théâtre Molière Sorbonne: "l'invention" (l'argument), "la disposition" (le plan des scènes), "l'élocution" (l'écriture elle-même).

Les textes sont réexaminés lors d'ateliers d'écriture et soumis à des comités de lecture pour vérifier notamment la syntaxe de l'époque ou la cohérence de la pièce. "On a fait 14 allers-retours", souligne M. Bouffard.

Pour les décors et les costumes, l'IA a été entraînée avec des dessins de l'époque du XVIIe siècle, par exemple ceux du dessinateur de décors et costumes de scène Henri de Gissey (1621-1673).

"Ce qu'on a voulu faire, c'est voir comment l'IA pouvait être un outil d'amplification de la créativité humaine", assure Pierre-Marie Chauvin.

Le projet respecte les droits d'auteur, selon ses concepteurs qui ont aussi indiqué que la consommation d'énergie pour l'entraînement de l’algorithme était "très raisonnable".

La pièce, qui se veut une farce, réunira sept comédiens et trois musiciens sur scène, d'abord les 5 et 6 mai à Versailles puis dans d'autres lieux en cours de programmation.

T.R.C. avec AFP